Résumé: En réalisant des recherches sur sa région d'origine, la Bretagne, Stéphanie Trouillard, journaliste à France 24, spécialiste de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, découvre une photo d'une déportée du Morbihan, Marie-Louise Moru, dite Lisette. Un cliché pris à Auschwitz sur lequel la jeune femme, étonnamment souriante, semble défier ses bourreaux.
Comment peut-on sourire dans une telle situation ? Qui est cette femme ? L'enquête de Stéphanie Trouillard révèlera son passé de résistante et l'histoire de sa ville Port-Louis.
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téphanie Trouillard est journaliste à France24. Elle s'est spécialisée dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. En effectuant des recherches sur la résistance en Bretagne, et plus précisément sur le rôle largement méconnu des femmes dans la lutte contre l'occupation, elle exhume une image qui l'interpelle. Il s'agit de la photo d'une déportée, Lisette Moru, prise à Auschwitz. Sur ce cliché d'identification, malgré la sinistre tenue rayée, les cheveux coupés à la va-vite et le numéro matricule flanqué du triangle rouge qui la classe comme prisonnière politique, elle sourit.
Un sourire frondeur, comme un signe de défi adressé à ses bourreaux. Qui était cette femme ? Pourquoi a-t-elle été envoyée dans les camps de concentration ? Qu'est-il advenu d'elle ? Voilà l'objet de cette bande dessinée, qui est l'adaptation du webreportage réalisé par l'autrice.
Si l'utilité du projet ne fait aucun doute, force est de constater que le résultat n'arrive pas à se détacher d'un académisme scolaire pour le moins rébarbatif. Le scénario aligne les rencontres avec quelques témoins et les tentatives de reconstitution, rendues évidemment difficiles par le manque d'éléments tangibles. Sur la base de ce matériau ténu, les auteurs proposent une version plausible de ce que fut sans doute le calvaire de la jeune femme. Le récit se veut didactique, privilégiant l'aspect documentaire à la dramaturgie. Le graphisme est à l'avenant. Le dessinateur Renan Coquin, qui signe son premier album, opte pour un style semi-réaliste sobre et efficace, quoique parfois un peu fragile.
Cette évocation est digne et nécessaire au travail de mémoire auquel elle participe. Elle manque pourtant de vie, se limitant à une succession de scènes froides et purement informatives. Au moins a-t-elle le mérite de rendre hommage, à travers son héroïne, à toutes celles qui ont risqué leur vie pour la liberté.