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ira est une sorcière et sa protégée, Alicia, semble avoir les mêmes pouvoirs. Ecoutant les pulsations des être vivants et de la Terre, elles sont en communion avec ce qui les entoure. C’est pourquoi, lorsque la Petra Gentialix est rapportée par un astronaute et que son influence commence à modifier l’aspect des bâtiments et des individus, les hautes instances religieuses réclament l’aide de Mira.
Ailleurs, la singulière Chitaru apprend à Hinata, lycéenne en fugue avec son cousin, à goûter les sensations procurées par la caresse du vent et la musique des éléments. Elle lui parle également d’une île merveilleuse qui chante et qui lui offrira une renaissance et infinité de présents si elle sait ouvrir son cœur.
Ce second tome de Sorcières est dans la lignée du précédent. Encore une fois, Daisuké Igarashi (Hanashippanashi ) propose une plongée dans son monde onirique, à la fois merveilleux et troublant. Néanmoins ce ne sont plus des magiciennes terrifiantes ou coléreuses que présente l’auteur mais des femmes extraordinaires profondément liées au vivant et qui s’avèrent en être les réceptacles et les porteuses. Ici, le don de la sorcière lui permet d'écouter, de sentir, de voir, de s'inscrire intimement dans une nature dont elle fait intégralement partie, en se détachant de la possession des choses et de l'aspect visible et connu des objets et des créatures. Au-delà du côté fantasmagorique des histoires, le lecteur sent la puissance du propos de l’auteur qui conduit à une réflexion sur notre perception de l’existence.
Ancrés dans la réalité comme dans le rêve, les deux récits sont portés par le dessin très particulier de Igarashi qui rend bien cette double nature. L’intensité des regards et leur expressivité donnent de la force au texte. La représentation des éléments (le vent, l’eau) et celle des êtres (végétaux, animaux) procurent l’impression de plonger au cœur de la vie et d’en sentir les palpitations.
Même si Sorcières peut paraître hermétique et laisser un peu perplexe de prime abord, la série laisse dans le souvenir de ceux qui s’aventurent sur ses chemins singuliers la saveur étonnante et étrange des songes. Rien que pour cela, ça vaut la peine de s'y pencher.