L
a machiavélique Nicole, Ciral la tisseuse de tapis, Kumali la chamane amazonienne et la petite sœur disparue d’un bonze : autant de sorcières, de lieux et d’aspects différents de la magie. Terrifiantes, coléreuses, visionnaires ou douces, les unes se vengent, les autres protègent.
Après Hanashippanashi, Daisuké Igarashi poursuit son exploration des mondes fantasmagoriques à travers trois histoires autour des mystères de la sorcellerie à travers le monde. Avec finesse et profondeur, il dévoile les secrets, pas toujours rassurants, de la magie. Et il souligne que leur usage dépend de leur détentrice. Il oppose ainsi les pouvoirs devenus maléfiques de Nicole hantée par son désir de détruire ceux qui l’ont rejetée à ceux bénéfiques de la petite Ciral qui lui apportent l’apaisement. Igarashi montre également son grand respect de la nature et de toutes les formes de vie qui existent à travers le récit de Kumali qui n’est pas sans rappeler un peu le Princesse Mononoké de H. Miyazaki. La sorcière y devient l’esprit de la forêt pour se venger de ceux qui l’ont dévastée, souffrant et protégeant encore au-delà de la mort. Plus court et d’un ton plus léger, la dernière nouvelle invite à croire en ce qui demeure invisible pour les yeux.
La narration, toujours à la limite du rêve et de la réalité, est servie par un dessin expressif qui donne corps aux éléments merveilleux et oniriques des histoires. La jungle, les bêtes sauvages qui y vivent et la tempête déchaînée par Nicole prennent vie sous le trait noir et fouillé de l’auteur. Les ambiances sont parfaitement rendues, si bien qu’on peut ressentir toute la douleur de Kumali ou la fureur de Nicole basculant dans l’horreur, aussi bien que la douceur lumineuse de Ciral ou paisible de la fillette-sorcière.
Sorcières est une invitation à l’enchantement et à l’exploration de chemins de traverse. Rendez-vous est pris pour le deuxième tome du diptyque.
>>> Lire la chronique du tome 1 de Hanashippanashi