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i]« Excusez-moi ! Est-ce qu’une sorcière habite cette ville ? Je me nomme Neko Tamashiro et j’en suis une ».
Ce discours, l’adolescente l’a répété, s’imaginant attirer aussitôt curiosité et sympathie. Malheureusement, quand elle arrive dans un petit patelin, la réaction de ses premières interlocutrices tient plutôt de la douche froide. Pourtant, la jeune fille va devoir s’accrocher, car l’accord passé avec ses parents est clair : pour intégrer un lycée classique, il faut qu’elle fasse ses preuves en trouvant un travail reposant sur ses dons. Là, c’est plutôt mal parti. Aussi, lorsque la timide Kitsuka l’aborde et lui propose de s’adresser à son amie Yayoi pour trouver un toit, Neko accepte avec reconnaissance. Après tout, l’aventure commence seulement.
Une gamine dotée de pouvoirs magiques qui débarque dans l’intention de parfaire son apprentissage en prenant sa vie en main ? Voilà qui rappelle furieusement quelque chose. En effet, il est difficile de ne pas rapprocher les prémices de ce premier tome du célèbre film d’animation d’Hayao Miyazaki, Kiki la petite sorcière. Bien que le propos paraisse assez similaire, puisqu’il s’agit d’entrée dans la vie active et de mise à l’épreuve, tout en recherchant et affirmant son identité propre, le traitement diffère.
Sans prétendre à une grande originalité, l’histoire concoctée par Sako Aizawa pénètre rapidement dans le vif du sujet. Mise au pied du mur, l’héroïne s’aperçoit que sa mission n’a rien de simple et qu’elle devra se retrousser les manches pour parvenir à ses fins. Ce postulat posé, l’autrice prend la peine de s’attarder sur les rencontres qui joueront un rôle essentiel, en caractérisant bien les intervenants. Elle souligne également avec un certain plaisir les disparités entre le microcosme que Neko connaissait jusque là et la nécessité de se plier aux règles du monde « normal » dans lequel elle évolue désormais. Ce décalage amène plusieurs situations amusantes que vient encore pimenter l’opposition entre les personnalités de la magicienne étourdie et celle de la si sérieuse Yayoi.
La légèreté et l’humour aimable qui parsèment ce récit rythmé se retrouvent dans le graphisme de Hama. Le trait fin de la dessinatrice se plaît à transcrire les émotions des protagonistes, qu’il exagère parfois. En adéquation avec le propos, il parvient à transmettre autant l’enthousiasme et l’optimisme de Neko que certains sentiments plus tristes. Enfin, les cadrages variés et le découpage assurent une bonne dynamique d’ensemble qui font que ce volume se dévore d’une traite.
Malgré un côté un peu classique, le début agréable de Sorcière en formation donne envie de connaitre la suite. C’est l’essentiel pour une série qui va s’étendre sur cinq volumes.