Le 29/05/2025 à 20:00:53
J’étais très curieux et enthousiaste à l’idée de découvrir cette adaptation graphique d’un récent best-seller littéraire contant la relation d’un homme et de son chien, et le profond chagrin que l’auteur éprouva à la mort de ce dernier. Du moins c’est ainsi que les choses m’étaient présentées, n’ayant pas lu le livre malgré mon amour pour les animaux. C’est dire si l’adaptation en bande dessinée, mon support narratif préféré, semblait s’adresser tout particulièrement à mon âme de lecteur. Mais les pages ont tourné sans que quoi que ce soit ne m’ait accroché ou ému, et j’en ressors avec la sensation d’être resté totalement étranger aux subtilités qu’on a peut-être cherché à me transmettre… Soit j’ai été complètement à côté de la plaque, avec de surcroît une attente trop grosse par rapport au thème, soit les critiques du livre initial, et par extension celles de l’adaptation graphique, nous engagent sur une voie trompeuse. Car en définitive le récit est moins le témoignage d’une relation intense entre un chien et un être humain qu’une mesure de temporalité où la relation homme/chien n’est plus qu’anecdotique. Je m’explique : Cédric adopte son chien alors qu’il a 28 ans. Il est alors un jeune adulte solitaire et mélancolique semblant chercher ses repères. Sur les treize années de relation que lui offre la vie de son chien, Cédric affirme ses valeurs philosophiques, personnalise son travail d’enseignant en défiant les réprobations de sa hiérarchie, rencontre une femme auprès de laquelle il vit sa première véritable histoire amoureuse, consolide une amitié envers un couple de retraités lui transmettant de la sagesse… Bref Cédric passe du jeune homme un peu égaré à l’homme mûr et posé. Et à la fin de ce processus, Ubac, le chien, meurt. La relation avec Ubac et son évolution de vie de chien constitue une sorte de calendrier, de repères temporels, dans les bouleversements que rencontre son ami humain. Par conséquent, ni le chien ni la relation vécue avec lui ne constituent le personnage central du récit : sa place est égale aux autres intervenants, voire effacée derrière eux. Mais tout semble effacé au fond, comme si chaque élément nourrissant cette chronique du quotidien ne pouvait qu’être effleurée, qu’une pudeur inopportune aurait empêché d’approfondir, rendant la lecture trop rapide et frustrante… Cependant le dessin de Munuera est irréprochable, avec ses couleurs pastel très douces, ses ambiances automnales et hivernales, sa lenteur contemplative (Cédric, le narrateur, étant proche de la nature), ses paysages villageois et montagneux… En conclusion, si vous aimez les atmosphères associées à la nature, cet album est idéal pour vous.BDGest 2014 - Tous droits réservés