Résumé: Sarmoumane, le sorcier, a tourné complètement barjot. Goudalf, son ami, est certain que la bague magique détenue par l'innocent Prodon est la cause de son lent chemin vers la folie. Il réunit donc une équipe de fidèles pour détruire cette bague maudite en la faisant fondre dans la lave du Mourdor. Prodon est chargé de porter la bague, car sa candeur et sa gentillesse le protègent du pouvoir d'influence qu'elle exerce sur les êtres vivants. Elle a pourtant déjà perverti l'un de ses semblables, Gouloum. Goudalf accompagné de Prodon, Samouel, Aragornna et Yegolas entament un voyage en voiture, en train et à pied vers le volcan du Mourdor. La petite bande espère bien qu'en partant vendredi soir, ils seront de retour pour profiter de leur dimanche avant de reprendre le boulot lundi matin. S'il revêt la forme d'un road trip, nonchalant et débonnaire, le nouveau livre de Mortis Ghost, après le cycle de Dr Cataclysm, évoque évidemment un récit fantastique bien connu. Mais si l'auteur s'appuie sur une épopée mondialement célèbre, c'est pour la déposséder de sa charge épique, et ramener l'heroic fantasy sur le plancher des vaches. Le Soleil des mages raconte comment une balade tourne un peu à la galère, mais pas trop quand même. Ici, nous sommes plus dans un week-end de team-building accepté à contrecoeur et dans la mauvaise humeur, que dans une quête intrépide contre les forces du mal. Le dessin de Mortis Ghost, rond et jubilatoire, permet de conserver l'univers du Soleil des mages dans le registre du fantastique, et donne une envoutante fluidité à ce récit bien plus sombre, et finalement bien plus réaliste, qu'il n'y paraît au premier abord.
S
armoumane ayant pété un câble, Goudalf se demande s'il ne serait pas temps de détruire la bague magique dont Prodon a hérité de son oncle. Problème, Mourdor, ce n’est pas la terre à côté et Gouloum, l’ancien proprio du bijou, traîne dans les environs et voudrait récupérer son trésor. Bon an mal an, rejoint par Samouel, Aragornna et quelques autres, l’expédition se monte. Si ça roule bien sur la Nationale, tout le monde pourrait même être de retour avant dimanche soir.
Ce pitch vous rappelle-t-il quelque chose ?
Pas spécialement fan de fantasy et ayant juste vu la trilogie de Peter Jackson à sa sortie, Mortis Ghost tient plus Le Seigneur des anneaux comme un marqueur culturel global qu’une réelle passion de sa part. Le soleil des mages n’est donc pas un hommage ou une parodie (quoique l’album se montre assez rigolo). L’auteur de Dr. Cataclysm a simplement trouvé intéressant d’utiliser quelques éléments narratifs tirés du roman de Tolkien dans une sorte de quête aux accents contemporains. D’un côté, des héros connus de tous, de l’autre, le monde réel ou presque. Le mélange étonne, amuse et arrive même à faire (un peu) réfléchir.
Dessins tout rond lorgnant quasiment vers le kawaï patatoïde pour les Hobbits, couleurs saveur fraises/menthe à l’eau, décalages et glissements judicieux (la Moria devient une ligne de métro abandonnée, Shadowfax une voiture aux airs de Renault 12, etc.), la transposition est remplie de trouvailles. Des dialogues hilarants bourrés de one liners assassins pimentent une tonalité générale relevée et réjouissante. Résultat, même si le côté pochade un peu gratuite n’est jamais loin, une identité personnelle arrive à percer et, petit à petit, à s’imposer.
Amusante curiosité à la maquette soignée (dos toilé, joli papier), Le soleil des mages actualise une des rares mythologies modernes et la transforme en une fable d’aujourd’hui. Le tout est réalisé avec talent, espièglerie et, il faut le relever, sans aucune trace de cynisme ou de méchanceté.