Résumé: Vous êtes de ceux qui pensent qu'à 73 ans on est simplement bon à jeter au vide-ordures, atteint par la sénilité ? Parce que les articulations n'ont plus la même souplesse, les tissus pas la même élasticité ? Nos deux vieilles carcasses vont vous prouver le contraire et pas qu'un peu ! Elles remontent un groupe de rock, comme au bon vieux temps des 60'. Et ça va envoyer le steak !
G
eorges et Jean-Pierre, c’est une longue histoire d’indéfectible amitié sur fond de musique qui a juste connu un hiatus de vingt-cinq ans. Arrivés à âge où le chemin à venir est plus court que celui parcouru, ils se sont retrouvés autour d’une disparition. Vieilles histoires du passé, nouveaux problèmes de santé, ce n’est pas ça qui arrivera à mettre à mal leur énergie (enfin, ce qu’il en reste) et, surtout, à dompter l’esprit rock’n’roll qui les anime depuis toujours.
L’énorme succès des Vieux fourneaux a évidemment et logiquement aiguisé l’appétit des éditeurs de la place. Sold out vient tenir compagnie à Octofigth et aux 4 vieux enfoirés, eux-mêmes dignes héritiers du Vieux Fou ! de Dieter et Moynot et de Léon la came du duo Chomet/De Crécy. Il faut bien vivre ma pauvre dame et puis, un peu d’exploitation n’a jamais tué personne.
Encore faut-il proposer quelque chose de différent ou de nouveau. C’est là que la situation se complique pour Phil Castaza. Deux personnages encore verts n’acceptant pas le sort réservé aux personnes âgées, un soupçon des affres de la vieillesse (Alzheimer, cancer, faites votre choix), une tonne de nostalgie et l’inévitable reformation du groupe de leur jeunesse sont au programme. Dans le genre déjà vu-lu, il ne manque vraiment aucun poncif. Ajoutez-y des dialogues se voulant décalés, mélangeant maladroitement argot du passé et grivoiseries de corps de garde (à l'époque, c'était permis de parler aux femmes comme ça, vous comprenez), un découpage sans saveur reposant énormément sur des artifices techniques un peu trop voyants et une mise en couleurs n’osant que rarement sortir des clous et vous obtenez un album sans saveur, identité ou véritable attrait. Mille fois dommage, car l’auteur fait preuve d’une réelle sensibilité pour son sujet. Son scénario s’en tient malheureusement à des généralités dignes du Journal de treize heures, tandis que ses protagonistes, simples stéréotypes sans profondeur, peinent à convaincre ou à provoquer ne serait-ce que quelques sourires gênés.
Vu le contenu décevant de cette Face A, la Face B à venir se devra de changer de rythme et d’approche pour sauver un premier couplet manquant drastiquement de groove et d’originalité.