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- La chronique
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Par G. Colié
C
harlie Brown et ses amis sont de retour ! Les mésaventures de ce jeune garçon parfois misanthrope prêtent autant à rire qu’à grincer des dents, l’auteur n’ayant jamais voulu axer sa série uniquement sur son aspect humoristique. Lucy la petite peste, Schroeder le pianiste et évidemment Snoopy sont de nouveau de la partie, ce dernier n’étant encore qu’un simple beagle très intelligent.
Ce second tome de l’œuvre intégrale de Charles M. Schulz permet de découvrir les quelques évolutions des premières années. Ainsi, Schroeder devient clairement un monomaniaque du piano et de Beethoven, toutes ses passions tournant autour de la musique. Lucy, outre celui d’agacer sa mère, son petit frère et Charlie Brown, se découvre un talent exceptionnel pour le golf, que son jeune âge et sa naïveté l’empêcheront d’exploiter. Charlie Brown s’avère encore plus imbu de lui-même, mais est toujours confronté au mépris des autres enfants, qui le rabaissent et se moquent de lui plus souvent qu’à leur tour. Linus tente de jouer et de s’amuser comme un bébé normal, mais sa sœur ou même Snoopy font immanquablement tomber ses plans à l’eau. Snoopy, enfin, pense d’une façon de plus en plus aboutie, et quitte peu à peu son habit de faire-valoir pour prendre une place centrale dans le strip.
Charles Schulz fait donc évoluer son petit monde avec subtilité et tendresse, et ses Peanuts connaissent dès cette époque un succès retentissant, offrant une célébrité inattendue à son auteur. Le charme suranné des situations et les occupations désuètes des enfants peuvent parfois faire sourire, mais une grande part de l’humour est restée vivace tant les thèmes abordés sont universels : la solitude, la moquerie envers plus faible que soi, la vanité ou les amourettes enfantines sont ici décrites avec une finesse toujours étonnante. Le lecteur français comprendra, grâce à la préface, l’importance historique et sociale qu’a eu ce comic strip aux États-Unis. Délaissant l’humour burlesque ou l’aventure – les genres fétiches de ses confrères jusqu’alors, Schulz s'est résolument orienté vers les terrains encore inexplorés de la chronique gentiment satirique, pointant régulièrement les défauts de ses concitoyens sans jamais les juger ou s’en moquer ouvertement. Un exemple de subtilité, qui fait encore office de référence de nos jours.
Que reste-t-il aujourd’hui de ces strips des débuts ? Un humour posé, au quotidien, qui confronte de jeunes enfants à des valeurs alors en pleine mutation. Une leçon d’histoire par le trou de la serrure, en somme…
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