Résumé: Dans une société totalitaire et belliqueuse inspirée de l’idéologie nazie, le soldat Köstler fait l’expérience d’une inexplicable peur face à la mort lors d’une terrible bataille. Ce sentiment, inédit pour lui, l’amène peu à peu à remettre en cause son dévouement au régime. Or, Köstler est muté dans la plus cynique, la plus brutale et la plus fanatique de toutes les unités : celle des Skraelings !
Skraeling est un cauchemar politique mais aussi un récit humaniste qui évoque les tragédies liés aux choix personnels dans des situations extrêmes : fanatisme, silence, soumission pour certains, désobéissance, opposition, et révolte pour d’autres.
L
a guerre fait rage depuis longtemps déjà. Certaines « classes » de la population n’ont d’autres choix que de servir de chair à canon. C’est leur condition, on les appelle les Laten. Köstler est l’un d’eux. Depuis son plus jeune âge il est conditionné à la haine de l’ennemi, aux combats, à la violence. C’est un chien de guerre, rien d’autre. Ses prouesses l’arme à la main intriguent ses supérieurs qui le verraient bien dans l’unité d’élite « Skraeling ». Mais son rang inférieur lui interdit normalement l’accès à ce corps de l’armée du Weltraum. L’idéologie est-elle plus importante que la victoire ?
Dès la couverture, le lecteur est plongé dans une ambiance particulière, sorte de futur imaginé à partir d’éléments de la Seconde Guerre Mondiale. Outre l’idéologie proche du nazisme, l’âpreté des combats, c’est visuellement aussi que se fait la correspondance avec cette époque. L’uchronie du récit va plus loin que l’invention de nouveaux faits, il s’agit plutôt de science fiction s’appuyant sur des codes visuels et contextuels d’une époque. Ce que le steampunk est au XIXe siècle et à la Révolution Industrielle, le style de Skraeling l’est pour 1940. Cette anticipation rétroactive avait précédemment été exploitée notamment par la série Block 109, mais dans une moindre mesure. Le graphisme est l’atout majeur de cet album, étonnant, surprenant, saisissant, tout simplement beau. Certaines cases évoquent l’univers des jeux vidéo, d’où le dessinateur a peu tirer une inspiration pour ce genre de science fiction. L’ambiance mise en place par Damien Venzi, grâce notamment au gros travail de couleurs, s’adapte parfaitement à cette ambiance glauque et très violente de Thierry Lamy. Tout semble maîtrisé, les détails, les vues d’ensemble, les cadrages, les armes, les personnages. Seules peut-être les expressions et les émotions ont une retranscription figée et pataude.
Du coté du scénario, Thierry Lamy se lance dans un thème tranchant par rapport à ces anciennes productions. Cette ultra-violence et ce chaos environnant débrident son imagination pour créer un monde bien particulier, même si les évocations du IIIe Reich sont peut-être un peu trop nombreuses. La réflexion sur l’avenir de l’humanité, sa brutalité autant que sa stupidité, les rapports de force entre « races » est clairement exposée, sans qu’il en sorte véritablement quelque chose. L’auteur évite la gageure d’émettre une morale (la guerre c’est moche), ce n’est pas son propos. Mais quel est vraiment son propos ? La densité de l’album, les dialogues parfois étranges et la présence de cette voix off exprimant ce que pense Köstler – s’il pense -, ce qu’il ressent – s’il est capable d’émotions – ou ce qu’il rêve ou plutôt cauchemarde. Tous ces éléments apportent plus de confusion que d’éclaircissement au récit. Sans une sensibilité particulière pour la tragédie guerrière ou une ouverture d’esprit à ce qui est par ailleurs un vrai travail artistique, la lecture peut sembler difficile voire hermétique.
Skraeling participe à la renaissance d’une certaine forme de science-fiction, d’une créativité supérieure à beaucoup d’autres productions qui s’appuient sans cesse sur les mêmes valeurs. Le dessin réussit de Damien Venzi et le scénario personnel de Thierry Lamy en font un album unique. A découvrir.
La preview
Les avis
mome
Le 27/11/2011 à 17:34:18
J'avais été attiré lors de la preview par le graphisme et la colorisation, qui ne correspondent pas spécialement à ce que j'achète en règle générale, mais qui donnaient une ambiance vraiment spéciale, presque envoutante.
J'ai donc franchis le pas même si je craignais d'avoir à faire à un "simple" récit guerrier (allez, disons-le, un peu "bourrin").
Que nenni! Certes la guerre, la violence, la barbarie sont omniprésentes. C'est très noir et même glauque. Mais c'est raconté avec talent, avec une mise en scène parfaitement maîtrisée. L'approche par le biais des émotions et de la psychologie du personnage est originale et contribue à ramener de l'humanité dans ce monde qui en semble totalement dépourvu.
Et effectivement le dessin et un travail étonnant sur les couleurs collent superbement à l'histoire faisant de ce 1er tome une totale réussite.
Quelle belle surprise! Ne vous laissez pas rebuter par le coté guerrier. C'est dur, c'est violent mais ce n'est surtout pas gratuit: tout est mis au service d'une histoire qui s'annonce comme extrêmement solide.
macluvboat
Le 16/02/2011 à 20:36:36
Dans cet univers futuriste, qui nous fait indiscutablement pensé à l'Allemagne d'Hitler, la population est sous l'emprise de leur dictateur U-Mensch et sa propagande. Son armée est unique, uniforme, puissante. Mais un combattant, Kostler, va sortir de l'ombre et intégrer la mystérieuse armée supérieur Skraeling...
Les jeux de couleurs sont trés bien réalisé et permettent à l'auteur de jouer sur les temps présent, passé, futur. L'ambiance, l'atmosphére sont trés prenantes et les dessins des combats permet de nous tenir en haleine tout le long de cette oeuvre.