S
on prénom c'est Kim, mais tout le monde l'appelle Skim. Tout ça à cause de la rime avec "slim", comprenez "mincir" en anglais. Un sobriquet pas facile à porter pour une ado de 16 ans qui peine à trouver son chemin vers le monde des adultes. Adepte de la Wicca, gothique mais aussi apprentie sorcière, Kim a du mal à s'intégrer dans son école canadienne, trop conventionnelle à son goût. Même Lisa, sa meilleure amie, la trouve complètement barrée. Entre déceptions amoureuses et pensées suicidaires, elle livre ses pensées les plus futiles mais aussi les plus secrètes dans un journal intime dont Skim se fait l'écho fidèle.
L'album est l'œuvre de deux cousines, Mariko et Jillian Tamaki, vivant de l'autre côté de l'Atlantique. Leurs noms, ainsi que la couverture, évoquent d'emblée une appartenance asiatique et l'on s'attend presque à découvrir un shonen ou un shojo. Les premières pages de Skim contredisent rapidement cette première impression. Le dessin en noir et blanc possède, certes, quelques particularités empruntées au manga mais également au comics et à l'illustration de presse dont Jillian est issue. Un mélange étonnant mais efficace au service d'un récit présenté sous forme de chronique sociale qui aurait pu se révéler terne et sans saveur.
Le thème de la difficile période de l'adolescence est on ne peut plus classique. Grâce à des ouvrages aussi différents que Black Hole, Blankets ou plus récemment Pauline, pour ne citer qu'eux, le mal-être d'une jeunesse déboussolée a été décliné de façons aussi nombreuses que variées. Pourtant, avec Skim, Mariko Tamaki parvient (presque) à renouveler le genre en proposant une approche plutôt originale. Sur le fond tout d'abord, en attaquant de front des sujets délicats, comme le suicide ou l'homosexualité, souvent traités de manière figurée ou métaphorique. Sur la forme ensuite, en impliquant directement le lecteur, en l'invitant à s'immiscer dans le quotidien d'une jeune fille à travers la découverte de son journal intime. Une forme de voyeurisme, certes, mais qui ne tombe jamais dans le malsain.
Néanmoins, la sympathie ressentie à l'égard de l'héroïne du