A
lfred Hitchcock, figure marquante du cinéma américain. Les oiseaux, Psychose, Vertigo, ces films figurent tous sur son curriculum vitæ. En fait, il est si populaire que le citoyen lambda le reconnaît à son profil bedonnant. Dans un style fragmenté, Tim Hensley propose un mélange d’anecdotes qui, mises bout à bout, tracent le portrait du réalisateur. La plupart des saynètes tiennent en une planche et s’attardent sur une facette de la vie professionnelle ou personnelle du cinéaste.
Le scénariste se montre audacieux. Dès le départ, il plagie l’auteur de L’homme qui en savait trop en se donnant un petit rôle (avec une tête de Frankenstein). Le projet va par la suite dans absolument toutes les directions. Les rapports du protagoniste avec les femmes, sa mère, la critique et les admirateurs, sa misogynie, son sale caractère, etc. Les segments abordent tous les âges, sans respecter la chronologie, cela dit, ça ne pose aucun problème de compréhension ou même de logique. Mais lorsqu’il termine le livre, le lecteur se dit que quarante-six pages, c’est tout de même un peu court pour présenter un tel personnage. À moins que ce ne soit pas le véritable objectif de Sir Alfred.
Le dessin se veut un hommage aux années 1950 ou 1960, les illustrations sont simples et la ligne claire. Ce choix esthétique n’est probablement pas fortuit puisqu’il correspond à la grande époque du créateur. L’artiste explore par ailleurs la potentialité du neuvième art : couleur, bichromie et noir et blanc, fausse couverture (cartonnée au milieu de l’ouvrage), numérotation factice (l’album porte le numéro 3, comme s’il s’inscrivait dans une série... alors qu’il n’y a pas de série), sans oublier les bandes qui ont l'allure de fragments de pellicule. Bref, l’entreprise est créative.
Une intéressante réflexion sur l'art séquentiel, une biographie sommaire, un humour qui franchit plus ou moins bien la frontière culturelle.