Résumé: Siorn est un homme venu des steppes glacées, un Nosvar. Alors qu’il tente de voler la perfide comtesse Ysbel, il est fait prisonnier. Ysbel et Siorn passent un marché : en échange de sa liberté, le guerrier devra ramener la tête d’Olshorn, suzerain de la comtesse. Afin de s’assurer qu’il ne s’enfuira pas à la première occasion, Ysbel empoisonne Siorn, lui promettant l’antidote en échange du fameux “trophée”.
Commence alors pour le barbare des steppes une quête des plus ardues : ramener la tête d’un puissant chef de guerre adulé par son clan, actuellement en plein conflit avec le clan voisin dirigé par Giarthen, son propre frère.
Siorn n’a de toute façon plus rien à perdre : dans quelques jours, le poison d’Ysbel lui aura dévoré les entrailles !
S
iorn, un barbare solitaire, vient de voler des gemmes à Jolarsh afin d'acheter des armes et des mercenaires pour son camp, le peuple Nosvars étant engagé dans des luttes intestines depuis plusieurs années. Repris par les sbires de la reine Ysbel qui l’empoisonne, il est contraint pour survivre d’accepter d’assassiner Olshorn, le frère de la monarque, en guerre contre Giarthen, l’autre membre de la fratrie. Rapidement, il va découvrir un intérêt tout personnel à participer à ce conflit familial.
Le terme heroïc fantasy est utilisé bien souvent à la place de fantasy alors qu’il est un courant de ce genre. L’heroïc fantasy se caractérise couramment par la mise en scène d’un seul héros. Celui-ci se définit habituellement par sa force, son courage, une personnalité très affirmée ou encore sa ruse (ou son instinct). Les aventures qu’il vit sont traditionnellement simples et tournent autour de sa petite personne, même s’il lui arrive parfois de sauver le monde ou un royaume, mais généralement en étant mêlé à ce genre d’évènements par hasard. Ses problèmes, il les affronte de préférence à l’arme blanche ou avec ses poings, rarement avec sa tête (sauf bien sûr pour l’écraser sur le nez de ses adversaires).
Voilà exactement ce que les deux auteurs présentent, revendiquant haut et fort leur choix de plonger dans ce maelström de péripéties, de violence et de fureur. Comme il se doit, il ne faut pas chercher de complexité dans l’intrigue. La trame est vite dévoilée - pas de quête, de dieux, de magiciens ou encore de bêtes humanoïdes (encore que, le rival de Siorn semble issu d’un croisement avec un troll) -, toutefois, ce qui en fait le charme réside dans la qualité de sa construction. Le monde dur dans lequel évoluent les protagonistes est bien posé, le tempérament de ces derniers affirmé - en particulier celui de Siorn - et les enchaînements se font aisément. Le rythme est presque effréné, avec une belle part pour les scènes martiales.
Morgann Tanco est parfaitement à son aise dans ce contexte. Son trait semi réaliste fait merveille pour livrer des paysages grandioses et sauvages, des personnages qui ont des gueules. Ne s’attachant pas au détail, il privilégie l’atmosphère et le dynamisme. Ses pages de combat sont pleines de frénésie, de sang et de membres tranchés.
Un très bel album, un hommage à Robert E. Howard (le terme heroïc fantasy a été inventé par Sprague De Camp pour caractériser l’œuvre du père de Conan), qui réjouira les amateurs.