Résumé: Manon revient chez ses parents pour l'été, l'occasion pour elle de passer le permis, de renouer avec de vieilles connaissances, mais surtout de retrouver le cocon familial. Hélas, l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Sa mère est aux abonnés absents tandis que son père semble avoir l'esprit ailleurs. Ce dernier est en effet préoccupé par sa relation avec celle qui n'est autre que la sœur de sa femme. Celle-ci, enceinte, compte bien garder le bébé, fruit de leur adultère. Entre non-dits et tensions, accablée par la chaleur de l'été, la famille ne va pas tarder à exploser.
Un roman graphique à la mise en scène et à l'atmosphère hitchcockiennes, deuxième bande dessinée de Yann Le Bec dans « Les Ondes ».
M
anon, étudiante à Bordeaux, revient passer l'été chez ses parents. Enfin... sa mère est partie en voyage de son côté, laissant son père seul à la maison. Ce dernier, sous des airs affables, semble cacher quelque chose. Pourquoi refuse-t-il de prendre les appels de sa belle-sœur ? Pourquoi l'appelle-t-elle avec insistance ? Est-ce vraiment pour l'anniversaire de sa nièce qu'elle débarque à l'improviste ? Le malaise est palpable. Manon est persuadée d'assister à un mauvais vaudeville sans en posséder les clés.
Un esprit chagrin pourrait reprocher à l'intrigue d'être finalement assez attendue, jusque dans son twist final. Ce serait se méprendre que de réduire cet album à un simple thriller. L'ombre de Claude Chabrol plane sur Les singes. Ce livre partage avec les films de l'auteur du Boucher cette manière quasi clinique d'observer le vernis qui se craquelle, révélant progressivement la laideur derrière les apparences. Tout l'intérêt du scénario tient dans la dynamique grippée qui relie le père et sa fille. De leur complicité joyeuse de l'enfance, il ne subsiste plus grand-chose. Les tentatives maladroites de Denis pour raviver la flamme ne font qu'accentuer la distance qui s'est installée. La tension monte progressivement malgré les contre-feux allumés pour semer le doute. Cette fuite en avant laisse un goût amer, qui s'accompagne d'un renversement progressif des rôles. L'héroïne, qui paraissait insupportable face à un homme affable, apparait au fil des pages comme la seule personne sensée.
Les singes se révèle un album étrange, qui navigue entre les genres. Faux polar et vrai récit initiatique, il imprime une sensation durable, pour qui se laisse emporter au-delà des apparences.