Info édition : Noté : 1ere édition.
Avec jaquette.
Résumé: Le petit Rui devient un homme, mais Shinako préfère se voiler les yeux et se complaire dans ses images d'un passé qu'elle souhaiterait éternel. Haru est déjà une femme, mais Rikuo s'obstine à attendre (sans trop savoir pourquoi) une Shinako qui le rejette toujours. Le ballet des sentiments poursuit des arabesques tandis que les protagonistes les plus honnêtes commencent à se remettre en question.
M
algré son échec au concours de l’école d’art qu’il souhaite intégrer, Rui s’accroche à sa passion, de la même façon qu’il le fait avec Shinako. Bien qu’elle continue de le repousser, celle-ci s’aperçoit brusquement des transformations de son ami d’enfance et de sa ressemblance grandissante avec son frère décédé dont elle était amoureuse. De son côté, Rikuo trouve une certaine stabilité professionnelle dans le studio photographique où il travaille désormais. Attendant vainement Shinako, il rejette toujours la dynamique Haru, refusant de voir qu’elle est devenue une femme. Une occasion ratée et quelques troubles pourraient bien leur ouvrir les yeux…
La valse sentimentale du quatuor principal de Sing yesterday for me reprend de plus belle dans ce tome 5, après deux ans d’attente. Pris au jeu délicat de l’amour, Rikuo, Shinako, Haru et Rui multiplient tentatives plus ou moins osées selon leur caractère et confidences auprès de leurs amis. Ils se cherchent les uns les autres, autant qu’ils sont à la recherche d’eux-mêmes socialement et professionnellement. Néanmoins, si l’indécision reste encore de mise, elle s’accompagne d’une prise de conscience de certains protagonistes qui va de pair avec l’évolution de leur situation. Ainsi, de « freeter » vivant d’un petit boulot dans une supérette, Rikuo devient employé, ce qui lui confère un nouveau statut, tandis que Rui s’interroge sur les débouchés de sa vocation et de son choix artistiques. Même Haru à l’hyperactivité tourbillonnante subit quelques changements. Une plus grande quiétude semble en effet l’habiter bien qu'elle mette toujours autant d’énergie à concocter de nouveaux menus, qui ne font pas souvent l’unanimité. Cependant, celle qui étonne le plus est Shinako. Comme les deux garçons de l’histoire, le lecteur est suspendu à ses décisions, à ses atermoiements, à ses freinages, se demandant quand elle daignera enfin ouvrir les yeux et se libérer de ses blocages, bref, quand elle choisira enfin. Dans ce volume, l’attente se rapproche de son terme et le ton à la fois nostalgique et poignant du récit souligne l’intensité du débat intérieur qui occupe la jeune femme. Sa peur et son angoisse face à ce qu’elle ressent transpercent les pages et rappellent des situations que tous ont sans doute connues. Y répondent, en écho, les affres qui saisissent Rikuo face à ce qui se révèle à lui et que l’auteur a parfaitement et consciencieusement amené en fin d’album. C’est d’ailleurs sur une exclamation contenant une incrédulité horrifiée, laissant le lecteur aussi pantelant que ce héros, que s’achève ce cinquième tome.
Le trait vif et incisif de Kei Toume, rendant avec justesse les émotions, couronne le tout et achève de séduire. L’attente aura été longue, mais le résultat est à la hauteur. C’est donc avec une envie et un intérêt renouvelés qu’on regarde déjà vers la suite de cette chronique amoureuse.
>>> Lire la chronique du tome 4 de Sing yesterday for me