Le 17/12/2023 à 00:29:27
Avis sur l’ensemble de la série, lue au travers des intégrales : Cette série ressemble à une belle escalade en montagne ; on commence de manière agréable la balade, avec un album « 0 » plutôt beau en N&B, et plein de promesses (ce sera quand même l’album #1). Nous avons ensuite plusieurs albums de haut niveau, aux esthétiques irréprochables et aux messages peu subtiles (mais francs et honnêtes), où le côté post-apocalyptique sert surtout de prétexte à raconter de belles histoires humaines, mais il est bien présent. Jusqu’au 6e album donc, c’est un cycle très qualitatif, qui nous fait grimper en haut de la montagne sacrée du 9e art, et nous sommes vraiment heureux d’avoir eu de si belles lectures si variées (franchement, quel pied d’avoir autant de paysages et de situations complètement différentes, des personnages haut en couleurs et si bien campés). Puis viennent les albums 7 et 8 … grosses purges, réellement difficiles à lire. C’est simple, c’est uniquement beau à voir. Déjà, dans « L’éveilleur », il n’y a pas (presque pas) de Simon. C’est un conte, une légende qui nous est contée, et qui est contée à Simon, que nous voyons donc quelques planches à la fin. Et rien de SF/post-apo, c’est de la pure fable fantaisie inspiration celte (?). Quand au texte, tout est tellement obscur que j’ai du lire en diagonale pour en finir au plus vite. J’ai compris un peu où voulait en venir l’auteur mais quand même … Restent les planches, très belle. Mais quel gâchis de ne pas être revenu, plusieurs années après le premier cycle, à des albums aux histoires plus classiques mais ô combien plus percutantes, même dans les messages véhiculés. Cette association avec M. Riondet a donné quelque chose de singulier en tout cas. Beau trip. L’album suivant est du même tonneau, fait sous fumette, et cette fois ci c’est une aventure intérieure de Simon… je déteste ce genre d’albums, avec des aventures metaphysico-intellectuelles rêvées ou imaginées (genre la fin de la série Lost). Enfin bref, gâchis aussi au vu du talent du dessinateur. Donc niveau balade en montagne, nous avons notre chute brutale au fond du ravin avec ces 2 albums, occupés que nous étions à admirer la vue du haut du cycle précédent. Reste la fin de la ballade, l’après chute, le retour à la maison, la sortie du ravin : C’est rude d’en sortir, il faut pour cela 2 albums, les 9 et 10. Au 9, peu de Simon et sa famille, c’est un album qui pose les bases du 10. Un lieu avec ses secrets, ses routines, ses personnages aux ambitions dévoilées, leurs interactions. Un lieu breton, une Presqu’ile, où franchement le côté post-apo est vraiment très (très) léger. Cet album se lit vite, car il est peu bavard, peu attrayant aussi, a part encore une fois ces sublimes dessins. Auclair savait vraiment dépeindre la mer et les orages… l’album se finit sur un cliffhanger. Sortie timide du ravin, ce n’est pas mauvais, mais on a mal à la jambe à cause de la chute d’avant, on ne retournera plus au sommet de la montagne. Dixième album et … ça y est, on est vraiment sortis du ravin, on refait une petite grimpette pour profiter du spectacle avant de rentrer, sans pour autant prendre de l’altitude. C’est un bon album sans être un chef d’œuvre, beau comme toujours, avec cette fois-ci le dénouement d’un mélodrame humain, qu’on voit venir de loin. Heureusement, il est bien fait, plutôt touchant. Là encore, point de post-apo, un bon drame breton à l’ancienne, tel qu’il aurait pu se passer à Crozon au XIXe siècle. Fin de série, Simon part tranquillement avec femme et enfants vers de nouvelles aventures, que vous n’aurons jamais, et c’est vraiment dommage. Pauvre Auclair, triste fin de vie pour un homme si talentueux, si plein de choses … Mention spéciale aux 3 dossiers des intégrales faits par M. Gaumer, ils sont fort copieux et riches en enseignements (d’où ma remarque sur la fin de vie terriblement difficile de l’auteur), et nous permettent de mieux saisir le pourquoi du comment des contenus des albums. Cette série m’aura quand même marqué par la qualité du dessin (j’avais déjà trouvé Bran Ruz somptueux) et de l’écriture du premier cycle de 6 albums. C’est une grande saga de BD que j’ai pu lire, à n’en pas douter, et je comprends aisément qu’elle ai pu marquer les esprits lors de ses parutions en magazines.BDGest 2014 - Tous droits réservés