Résumé: Bien qu'innocent, Charly a été condamné pour le meurtre perpétré par Rebecca. Condamné à la prison à vie, il est détenu au pénitencier de Rikers. Lors d'une corvée dans un cimetière, les prisonniers sont attaqués par des goules. Tous les hommes sont décimés, Charly est le seul rescapé. Il s'enfuit, mais il a une mission à terminer : livrer Rebecca à Mme Deacon. Il retourne au Sideshow la chercher.
C
harly, sous les verrous après avoir été dénoncé par la diabolique Rebecca, est bien obligé de prendre son mal en patience, enfin apparemment. Ce qui est arrivé après cette incarcération injuste n’est pas très clair non plus. Trixie et son mystérieux interlocuteur continuent néanmoins leur discussion à propos de leur ami trépassé. La jeune femme, tout particulièrement, partage ses souvenirs personnels et précise comment elle a fini par atterrir dans le Sideshow de Boris avant de faire la connaissance du disparu.
Un soupçon de fantastique, énormément de rebondissements et de surprises, plus une ou deux pointes mélodramatiques pour faire bonne figure, Corbeyran reprend au bond Charly pour clôturer Sideshow de la plus belle des manières. Entre roman pulp et réalisme, le scénariste rend une copie inspirante d’une intrigue tour-à-tour poignante, déroutante et finalement cohérente. Sans rien dévoiler des nombreuses révélations, il n’est pas étonnant que l’auteur ait signé Le chant des Stryges il y a quelques années. Difficile d’en dire plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte. Sur le plan formel, il est par contre important de souligner la qualité de l’écriture et de la narration : des dialogues bien pensés qui ne dédoublent pas les actions, pas de temps morts et des personnages, certes très classiques, voire stéréotypés (l'enfance misérable de Trixie est à la limite du tire-larme), mais logiques et émouvants. Efficacité et trucs d’un vieux routard de la BD ? Oui, cependant, dans le même temps, tout coule de source si naturellement qu’il est impossible de ne pas être touché par ces péripéties.
L’autre grande réussite de ce diptyque est évidemment à mettre au crédit d’Emmanuel Despujol et de Fabien Alquier pour les couleurs. Quelle atmosphère et quelle force d’évocation ! Tout en restant au plus proche des protagonistes, la mise en scène se montre totalement ouverte et quasiment aérienne. Précis sans être synthétique, parfaitement en place sans être plat, le trait du dessinateur se balade de planche en planche avec grâce et autorité. Résultat, comme pour le scénario, le ressenti et l’immersion s’avèrent entiers et particulièrement démonstratifs.
Charly, Trixie, deux âmes aux prises avec leur époque et l’impensable, cette conclusion enthousiasmante de Sideshow confirme toutes les promesses entrevues dans le premier tome.