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renez une jeune archéologue surdouée et jolie dont le passé reste énigmatique. Ajoutez à ses cotés un mercenaire narcissique toujours à court d'argent. Mettez les à la poursuite d'une pauvre bande de pillards, menée par un saurien maniéré, qui détient la "Perle des Ugöys" (un cristal aux pouvoirs terrifiant convoité par tous, cela va sans dire). Pour corser l'affaire, faites intervenir une confrérie occulte préparant le retour d'une puissance funeste, ainsi qu'un Consortium de la Paix qui n'hésite pas à faire la guerre pour défendre ses intérêts. En mélangeant le tout, vous obtenez le monde de Shrög !
Cette recette est assez quelconque. On la retrouve dans la plupart des ouvrages d'Heroic Fantasy parus depuis que La Quète de l'Oiseau du Temps et Lanfeust de Troy ont atteint le statut d'oeuvre culte du neuvième art. Pour se démarquer des autres séries, les auteurs doivent donc ajouter le petit quelque chose qui fera la différence. Bien sûr la classique quête continue de faire recette comme le montre le succès croissant des Forêts d'Opale par exemple. Avec Shrög, on goute plus à de la "Science Fantasy" qu'à de l'Heroic Fantasy. Fred et Bruno Campoy melent des éléments de Science-Fiction et de Fantasy dans un univers cohérent, grâce à des influences allant de Star Wars à Indiana Jones. Les pointes d'humour et les personnages charismatiques arrivent à maintenir notre attention. D'ailleurs, les dernières pages recellent de mystères autour des protagonistes et donnent envie de découvrir la suite. Il ne tient qu'aux auteurs de nous les dévoiler dans les deux prochains tomes !
Même si, pour le moment, Le Livre de l'Oubli ne brille pas par son originalité, il aura au moins eu le mérite de nous dévoiler le joli coup de crayon de Fred Campoy. Celui là même qui a déjà officié sur le premier tome d'Arcanes et sur la série Little Big Joe chez Delcourt. Son trait est proche du dessin animé et ses planches ne souffrent d'aucune erreur flagrante. Il semble aussi à l'aise avec les décors et les vaisseaux, qu'avec les personnages qu'il rend très expressif. Les couleurs sont un peu trop vives par moment, mais l'ensemble est très attirant et se marie à merveille avec le dessin. Le graphisme de Shrög n'est pas sans rappeler celui de l'école italienne publiée principalement par Soleil et les Humanoïdes Associés.
Ce premier tome s'en sort donc avec les honneurs. Il suffit juste que le scénario se complexifie et nous surprenne un peu pour le faire réellement sortir de la production actuelle. Un tryptique qui débute et qui a tout pour plaire au plus grand nombre !