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efusant de devenir la concubine du capricieux Raji, seigneur de Tanbarun, séduit par sa chevelure d’un rouge éclatant, Shirayuki quitte son pays natal et traverse la frontière. Dans une forêt, elle rencontre Zen, prince du royaume de Clariness, et ses gardes du corps, Mitsuhide et Kiki. Devenus amis, la jeune fille les suit à Wistar, la capitale, où elle s’installe et décide de passer l’examen pour devenir une des pharmaciennes du palais. Ayant réussi haut la main, Shirayuki doit bientôt appliquer son art pour soigner tous les hommes de la garnison de Laxd, victimes d’un empoisonnement par un groupe de brigands. Mais, quelques temps plus tard, la tranquillité du château est bouleversée par le retour inattendu d’Izana, le frère aîné de Zen. Très vite, Shirayuki est convoquée par le prince qui apprécie peu sa présence auprès de son cadet, ainsi que l'amitié qui les lie. Pour les tester, il invite Raji à Wistar. Alors que Zen s'inquiète d'une confrontation délicate, la surprise va venir de leur hôte...
Les premières pages du tome d’ouverture évoquent, sur le mode parodique, l’histoire de Blanche-neige – dont l’héroïne porte le nom, traduit en japonais - avec des références au miroir magique, à la cabane dans les bois et aux pommes vénéneuses du conte. Toutefois, l’inspiration due au personnage des frères Grimm s’arrête là. Dans les trois présents albums (la série en comporte sept) Sorata Akiduki s’attache plutôt à narrer les aléas, nombreux, de la destinée de sa principale protagoniste, que ceux-ci soient liés à la couleur, rare, de ses cheveux, à son travail de pharmacienne, à sa relation avec le beau Zen ou à sa condition de roturière. Cela donne un schéma narratif assez répétitif dans sa forme et souligne clairement la quasi-absence de fil rouge. Cependant, ce principe permet aussi à l’auteur d’explorer progressivement les caractères des différents intervenants, d’approfondir leurs rapports et d’éclaircir leurs sentiments sans précipiter les choses.
En soi, cela est assez agréable, car le lecteur peut prendre le temps de connaître chacun et d’en apprécier pleinement le rôle. Néanmoins, faute de trame principale, un léger sentiment de frustration se fait sentir. Il faut d’ailleurs attendre la fin du deuxième volume pour que l’intrigue se corse avec l’arrivée du prince Izana et ses menées retorses qui soulèvent de nouvelles questions. Mais cela ne dure pas. Dommage. Reste le dessin, au trait peu marqué qui s’accorde parfaitement avec le ton doux et léger du récit. Le découpage aéré facilite la lecture, tandis que l’expressivité des visages, le recours, heureusement pondéré, aux trames et le style général s’inscrivent pleinement dans le style shojo.
Les trois premiers tomes de Shirayuki aux cheveux rouges offrent un moment de détente plaisant, qui ne masque néanmoins pas les limites d'une série dépourvue de véritable intrigue.