P
otier talentueux, Shin mène une vie paisible auprès de sa femme Sakora et de leur bébé, jusqu’au jour où sa rencontre avec un homme poursuivi par des démons fait tout basculer. Héritant de l’épée de sire Kagéma qu’il doit rendre à son maître, le jeune père est contraint de l’utiliser pour se défendre. Mais ce simple geste le lie à l’arme maléfique et en fait un guerrier rapidement assoiffé de sang, tandis que son village est détruit par forces obscures, son épouse enlevée par l’un d’eux et sa progéniture tuée. Pour se venger et retrouver sa bien-aimée, Shin part à la recherche du royaume des démons et de sa propre identité.
Shin est un « manfra », un manga à la française. Du format d’une bd nippone, dessiné en noir et blanc, il s’ouvre et se lit néanmoins à l’occidentale, c'est-à-dire de gauche à droite. Réservé à un public averti, comme le soulignent les auteurs et l’estampille adéquate, il reprend les grosses ficelles de certains shônen ou seinen d’aventure et d’action. Centrée autour d’une quête ainsi que d’un héros violent à souhait, l’histoire livrée par Lilian K. s’avère rapidement peu originale, tant elle rappelle, avec moins de succès, celle d’un Chonchu, d’un Berserk ou autre figure du même acabit. Si Shin semble bien souvent essayer de conserver son humanité, ses fréquentes transformations montrent à loisir la face sombre de sa personnalité. C’est alors l’occasion pour le scénariste de donner libre cours à son imagination en proposant, comme annoncé, des scènes crues, transgressant les tabous, mais qui n’ont rien de sensationnel pour qui aura suivi les péripéties du Guts de Kentaro Miura ou du Dark Schneider de Kazushi Hagiwara (Bastard). Il faut cependant reconnaître que le récit ne connaît aucun temps mort et que les évènements se succèdent sur un rythme trépidant. Pour autant, l’envie de connaître la suite en fermant l’album ne se fait pas sentir. En effet, outre le scénario classique et archi-vu, le dessin ne conquiert pas vraiment. Le graphisme de J. Gens manque de maturité et se révèle parfois imprécis ou brouillon dans certaines perspectives. En revanche, son trait sombre et marqué restitue avec une certaine réussite l’atmosphère sombre de l’histoire.
Décevant, ce premier tome de Shin ressemble surtout à un coup d’essai, largement perfectible, dans lequel on sent tout de même poindre quelques menues promesses.