Info édition : Noté "Première édition". Vernis sélectif sur la couverture.
Résumé: Sheid, vétéran rescapé des légions de l'empire, parcourt les airs sur son navire volant avec Uthan, un bien étrange compagnon venu du fond des âges. Exploitant ce que lui ont appris ses années de guerre, il survit de contrebandes et de contrats douteux. L'un d'eux va faire basculer son destin. Dans une cité écrasée de soleil, alors qu'il devait enlever un vieil archéologue, la mission dérape et le savant à l'agonie lui confie sa petite-fille, Nyl. Cette rencontre inattendue confronte le mercenaire aux sombres découvertes du vieillard sur les dangers d'un pouvoir ancestral, à nouveau exploité par une élite d'érudits. Pourchassé par la milice de l'empire et les coupeurs de gorge de son commanditaire, il devra faire des choix personnels quant à l'avenir de la jeune Nyl, et au-delà, de son monde menacé par la résurgence d'un fléau oublié.
Philippe Pellet, dessinateur des neuf premiers tomes des Forêts d'Opale, livre ici sa première histoire en tant qu'auteur complet.
L
e Haut-conseil de l’Empire annonce l’entrée en guerre afin de briser le souffle de la révolte et répondre aux provocations des insurgés Talhuas. Ces fanatiques ont détruit un bastion impérial durement acquis sur les Terres du Grand Brulé. Seulement, le Maître Pradhi tente de calmer les ardeurs des membres les plus vindicatifs de l’assemblée et, précisément, des représentants de l’ordre des Lamaneurs. Cet éminent archéologue travaille secrètement sur la mystérieuse Glyphe. Une recherche peu appréciée puisqu’elle rappelle les heures sombres du Royaume où les hommes ne s’étaient pas affranchis des anciens dieux et où le commerce ne jouissait pas d’une telle croissance. Sheïd est de retour à Mafate, la splendide capitale qui baigne dans un soleil éternel. Il apporte un énigmatique petit panier dont l’intérieur semble receler une tête. Mhaus, le chef de clan, satisfait de cette sinistre besogne, lui règle les vingt tales prévus. Il lui propose également une affaire hautement rémunératrice : ramener le pacifiste patriarche en contrepartie de précieuses fioles d’ombresève. Une incroyable récompense pour une mission bien trop aisée en apparence !
Après seize années de production consacrées à la série Les Forets d’Opales, Philippe Pellet a disparu des radars du neuvième art. Pour les amoureux de l’Heroic Fantasy, cette absence s’est fait ressentir et nombreux sont ceux qui se sont langui de retrouver le dessin détaillé de l’artiste. Une forte attente largement comblée par la parution du premier volet de sa nouvelle saga.
Toujours dans le giron de Christophe Arleston, néanmoins, ce coup-ci, seul aux manettes, l’illustrateur s’engage sur la voie d’une trilogie de fantaisie résolument adulte. Son canevas scénaristique repose sur des manœuvres politiques et autres tractations de pouvoir où les relations de force sont progressivement exposées. Le décorum dénote des habituelles inspirations arthuriennes. Les châteaux aux pierres froides et autres bois magiques sont écartés au profit d'un climat aride et du souk vivant, laissant poindre une influence du courant orientaliste. Cette sensation est renforcée par les palettes chaudes et solaires de Tanja Wenisch. Le lecteur peut ainsi renouer avec le dépaysement ressenti en séjournant au sein de la tétralogie Alim le tanneur de Wilfried Lupano et de Virginie Augustin, ou bien au gré des pages de La Forteresse de la Perle (1989), second tome du cycle d’Elric de Mickaël Moorcock.
Alors même que son ambition est de conter une fresque consistante, Philippe Pellet opte pour un traditionnel 48CC à la dimension contraignante. Il décide de happer son lectorat par de belles scènes d’exposition et de longues séquences d’action, maintenant volontairement des zones d’ombre sur des matières au cœur de l’histoire (notamment le gaz de Naka et la Glyphe). Il rattache son récit au réel en évoquant la religion et l’économie, tout en brassant un vocabulaire éprouvé par le genre - fait d’onguent, de nefs et de guilde. En vue de renforcer la crédibilité de son intrigue, l’auteur confine en arrière-plan, son bestiaire imaginaire et ses splendides bateaux volants au gaz extrait des Terres volcaniques du Grand Brulé. Côté personnage, son antihéros est plongé, malgré lui, dans une quête dont il méconnaît encore les enjeux, mais dans laquelle il pressent une opportunité de faire fortune. Véritable prologue, cet album plante aussi les principaux antagonistes, à savoir une caste peu recommandable évoluant dans les tréfonds oppressants des bas-quartiers et une puissante maîtresse très âgée aux traits masculins qui trône parmi l’élite de la haute-cité.
Le piège de Mafate – opus initial de la série Sheïd – introduit remarquablement une narration oxymorique, à la fois fantaisiste et réaliste. De belle facture, rondement mené et équilibré, l’épisode réussit en outre l’exercice du très attendu cliffhanger. Le rendez-vous est pris. Vivement la suite !
La preview
Les avis
Erik67
Le 24/02/2021 à 07:39:59
Je n'ai pas été plus emballé que cela par cette lecture. En effet, le scénario demeure assez classique dans un tome qu'on peut appeler une véritable introduction où il ne se passe pas grand chose : juste un fait déjà résumé sur le dos de couverture.
Ce n'est pas assez pour susciter un véritable intérêt du lecteur surtout avec la concurrence des titres actuels où il convient de faire la différence dans le domaine de la bd d'aventure et d'évasion.
Il y a certes des décors assez impressionnant notamment de cette ville forteresse tout droit sorti de l'imagination de l'auteur. Cela fait un peu comme le film Avatar avec ces vaisseaux voiliers volants dans le ciel pour amarrer au port. Il est question d'un empire conquérant, d'un conseil de sages et d'un vague enjeu de pouvoir. On en saura très peu.
L'action se concentrera sur Sheïd, un ancien mercenaire qui accepte un douteux contrat. Il ne sera pas forcément sympathique au premier abord.
Un mot sur le graphisme pour souligner qu'il est tout de même de toute beauté même si c'est dans un style que je n'apprécie pas forcément. Il y a de belles couleurs qui magnifient le décors. Cela reste un très beau travail graphique qui fait certes une petite différence.
kvdemiar
Le 26/12/2020 à 11:57:42
Un graphisme hyper précis avec des visages particulièrement travaillés malgré des traits assez fortement durcis pour quelques-uns (notamment pour les méchants comme il se doit ...). Un environnement urbain médiéval fantastique, tendance moyen oriental montagneux avec des profondeurs et du relief bien accentués. Un petit bémol pour la colorisation un peu trop sombre à dominante jaune safran, ocre et brun qui ravira ceux qui aiment (et beaucoup moins les autres). Enfin un scénario hyper classique, peut-être un peu simpliste, mais il faut attendre la suite pour en juger pleinement. Pour résumer, un très bon début prometteur !
Dunyre
Le 05/11/2020 à 10:34:05
J'attendais avec énormément d'impatience ce récit de Philippe Pellet, dessinateur que j'affectionne énormément. Je n'avais qu'une crainte, celle de la qualité du récit, car un dessinateur aussi bon soit-il n'est pas forcément un bon scénariste (loin de là).
Mais le fait est que les premières pages rassurent tout de suite à ce niveau-là : le propos est clair, précis, chirurgical. Seul le strict nécessaire est expliqué, bien dosé et précisé au bon moment. Il n'y a pas de fioritures, pas de surplus inutile.
Dans cette histoire nous suivons donc un ancien légionnaire devenu mercenaire, Sheïd, qui vit d'assassinats et d'enlèvements pour le compte de Mhaus, un intermédiaire douteux. L'univers proposé est celui d'un monde désertique et montagneux qu'un Empire domine d'une main de fer, bien aidé par la maîtrise magique que possèdent les membres d'une guilde, les Lamaneurs, et par l'exploitation au sein d'une vaste chaîne montagneuse et volcanique, le Grand brûlé, d'une ressource gazière vitale pour le transport aérien. Dans le même temps, un groupe d'insurgés, adeptes d'une ancienne religion éjectés par le nouvel Empire aux fondements commerciaux plus que religieux, mène des actions de révoltes, en particulier dans le Grand brûlé.
La combinaison de ces trois éléments offre donc dés le départ un récit cohérent et structuré, auquel il est facile d'accrocher : tout est crédible, bien loin d'une fantasy déconnectée de réalisme.
L'immersion est ainsi très bonne, d'autant plus que les graphismes sont somptueux : c'est LE point fort de Pellet et donc de cette BD. Par exemple l'utilisation de bordures blanches pour les scènes de jour en extérieur, et de bordures noires pour les scènes de nuit ou d'intérieur est une excellente idée, qui permet d'être vraiment "dedans" à la lecture, tout en aidant à la construction du récit. Tout est bien pensé, les détails sont tous utiles.
Enfin deux derniers points forts : le découpage est idéal, offrant beaucoup de dynamisme aux scènes d'action et de multipls vues de Mafate, capitale de l'Empire où se déroule le tome 1, et les visages sont très expressifs, même pour les personnages secondaires, ce qui donne une vraie teinte de réalisme.
Le récit de ce tome 1 est mené à une vitesse appréciable, on suit sans s'ennuyer l'avancée de l'histoire qui, certes convenue, est agréablement encadrée par une belle originalité d'univers et de splendides graphismes.
De la très bonne fantasy, immersive et distreyante.