Résumé: Derniers instants avant la tourmente... En récupérant le cur de l'automate pour le compte de l'empereur en exil, Jade a grillé sa couverture et compromis ses associés. Elle se retrouve seule et démunie à Shanghaï, tandis que de son côté l'exécutrice Yu Xin prend de plus en plus de pouvoir au sein des Triades. Pendant ce temps, les plans de reconquête de l'empereur se précisent. Grâce au cur artificiel, merveille d'automatisme, il compte bien réveiller les huit mille soldats de terre cuite de l'empereur Qin et reprendre le pouvoir corrompu aux mains de l'impératrice douairière Voici le deuxième acte d'une flamboyante trilogie d'aventure teintée de surnaturel, qui nous conte, à travers l'itinéraire de deux jeunes femmes au caractère bien trempé entraînées dans la tourmente de lHistoire, le passage de la Chine ancestrale à la Chine moderne.
A
lors que son empereur déchu, décidé à reconquérir le pouvoir, donne vie à une armée inexpugnable à l’aide du cœur mécanique qu’elle a dérobé pour lui, Jade, désormais recherchée par les Triades, erre dans Shanghaï. Sa seule consolation est l’ennemi qu’elle a toujours abhorré : l’opium, seul moyen qui lui permette de se remémorer son passé. De son côté, la tueuse Yu Xin assiste, impuissante, à la mort brutale de son mentor, avant de s’imposer progressivement comme nouveau leader de l’organisation. Parallèlement, elle recherche Jade qui a mis à mal les projets de la pègre locale, laquelle, suite à une brève confrontation, a trouvé l’asile chez un médecin atypique qui semble en savoir long sur ce qui se trame dans le pays.
Dans ce deuxième volet de Shanghaï, Mathieu Mariolle (Nuisible, Smoke City, Alta Donna) livre un récit tout aussi touffu et prenant que précédemment. Sur sa toile de fond historique – celle de la Chine en 1908 -, il déroule les éléments d’un scénario précis et plutôt bien huilé où vient se mêler le fantastique. Ce dernier aspect s’intègre relativement bien à l’ensemble et n’est pas sans rappeler, par certains côtés, Dernier hiver à Ishiyama, le troisième épisode de Koblenz. Le rythme, plutôt soutenu, entraîne une succession d’événements qui laissent juste le temps au lecteur de les assimiler et d’apprécier la mise en scène des différentes forces en présence à l’époque. L’apparition d’un nouveau personnage ainsi que les actions de plusieurs autres protagonistes titillent la curiosité, tandis que le développement des caractères de Jade et de Yu Xin leur confère plus d’étoffe et de corps.
Parallèlement, le dessin et la colorisation de Yann Tisseron – une nouvelle fois épaulé par Mikaël Bourgouin pour le story board – se révèlent toujours aussi en adéquation avec le propos sombre du récit. Cela se traduit par des ambiances sépulcrales, pluvieuses ou enfumées plutôt réussies, que sert un découpage précis et lisible. Dommage, en revanche, que certains cadrages soient moins convaincants et que le graphisme manque, par moments, d’un peu de dynamisme.
Les promesses de l'aube constitue une suite de bonne qualité, au contenu dense et qui renouvelle l'intérêt. Rendez-vous est pris avec le troisième tome et son dénouement.