Résumé: Lumière sur une affaire qui passionne les Français depuis plus de 80 ans. Au mois de juin 1925, Pierre Quéméneur, conseiller général du Finistère, disparaît corps et biens après un voyage avec Guillaume Seznec, un entrepreneur breton. Le corps n'a jamais été retrouvé, mais la police découvre de nombreux éléments et témoignages prouvant que Seznec a menti, ce qui lui vaut d'être condamné à perpétuité. Pourtant il na de cesse de clamer son innocence Entre les partis pris et raccourcis de la police et les zones d'ombre du protagoniste principal, Éric Le Berre et Pascal Bresson (scénariste de L'Affaire Dominici et auteur de l'ouvrage Guillaume Seznec, Une vie retrouvée) accompagnés de Guy Michel au dessin, proposent dans ce diptyque leur vision documentée et empathique de cette affaire. Lalbum sera préfacé par le petit-fils de Guillaume Seznec qui se bat depuis des années pour prouver linnocence de son grand-père.
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Guillaume, j’ai un mauvais pressentiment. » Marie-Jeanne Seznec a bien essayé de mettre en garde son mari contre son ami, Pierre Quémeneur, qu’il doit accompagner jusqu’à Paris. Mais l’affaire, proposée par le Conseiller du Finistère, paraît trop alléchante pour le marchand en bois qui peine à honorer ses dettes. Il s’agit de vendre aux Russes, à prix d’or, des Cadillac que les Américains ont cédées à la France, après la Première Guerre Mondiale. Le 25 mai 1923, les deux hommes quittent Morlaix pour se rendre à la Capitale, afin d’effectuer leur première livraison. Le trajet ne se passe pas comme prévu, et plusieurs arrêts sont nécessaires afin de réparer le véhicule qui n’est plus de première jeunesse. La tension monte et les voyageurs décident de faire halte, la nuit tombée, près de Dreux. Pressé par le temps, Pierre Quémeneur abandonne son compagnon pour prendre le train et se rendre à Paris le plus rapidement possible. Tandis que Guillaume Seznec reprend la voiture et rebrousse chemin jusqu’à son domicile, en Bretagne. Le premier disparaît dans la nature, le second est accusé de meurtre et sera envoyé au bagne, en Guyane française, pendant 20 ans.
C’est du moins la version de Pascal Bresson. La relative distance qu’il avait prise dans l’Affaire Dominici n’existe pour ainsi dire plus dans le premier tome de Seznec : l’homme est innocent, victime d’une machination. L’amitié qui lie l’auteur avec le petit-fils de Guillaume, Denis, avec lequel il avait déjà collaboré sur Guillaume Seznec, une vie retrouvée, n’est sans doute pas étrangère à cette prise de position. Ainsi, l’histoire proposée n’est pas une enquête à proprement parler, mais plutôt un déroulement des faits qui s’apparente plus à un thriller. De ce choix découle un récit, certes plaisant, quoiqu'un brin frustrant pour le lecteur qui aurait souhaité se faire une idée plus précise du mystère lié à la disparition de Pierre Quémeneur.
Au dessin, Guy Michel réalise une partition très honorable, à commencer par une couverture réussie, bien que certains personnages soient un peu caricaturés, notamment le beau-frère du Conseiller. Les décors sont soignés et les couleurs, à l’avenant.
Le complot fomenté à l’encontre de Guillaume Seznec se précise au fil des pages, bien que de nombreuses zones d’ombre subsistent à la fin de la lecture, en particulier le rôle joué par un mystérieux tueur en série. Le deuxième tome devrait lever le voile et parachever l’interprétation de Pascal Bresson qui a, pour l’heure, de quoi surprendre.