Résumé: Un Bonnie & Clyde porté sur le sexe, mais pour la bonne cause ! Suzie a un secret. Pour elle, le sexe arrête le temps, littéralement. Jon a un problème. Il déteste sa vie, son travail et cette satanée malédiction qui le rend exactement comme Suzie. Tout devrait les séparer, à part cette drôle de condition face au sexe, et pourtant... Pour la première fois dans leurs vies respectives de solitaires endurcis, ils se retrouvent... ensemble ! Et ensemble, ils vont utiliser leur don de « geler » le temps grâce au sexe pour faire ce que tout jeune couple normalement constitué ferait : dérober des banques, en commençant par celle où travaille Jon. Avec l'argent récolté, ils pourront peut-être sauver la bibliothèque de Suzie !
Une fable drôle, cocasse et savoureuse qui flirte avec ce mauvais esprit que l'on aime tant dans les films Jackass mais qui sait aussi divertir en faisant réfléchir. En bref, si Quand Harry rencontre Sally et Ocean's 11 avait un fils illégitime, ce serait Sex Criminals !
La série a remporté le très convoité Eisner Awards de la meilleure nouvelle série à la San Diego Comic Con 2014 et a été par ailleurs élue meilleure nouvelle série par le quotidien USA Today et comics de l'année par le prestigieux Time Magazine !
M
att Fraction, scénariste à la renommée établie depuis longtemps, montre une fois de plus qu’il a deux visages. S’il n’est pas le plus fin quand il s’agit de traiter les héros Marvel, il lui arrive d’afficher l’étendue de son talent quand on daigne lui laisser carte blanche. Il l’a démontré récemment avec la nouvelle version de Hawkeye, parodique à souhait et particulièrement réussie. La vie privée, paradoxalement tout à fait ordinaire, du justicier y était traitée avec ce qu’il faut de drôlerie et d’intime.
L’auteur remet le couvert avec Sex Criminals, une série éditée chez Image qui lui permet une liberté de ton plus importante. Il y est question, dans les premiers numéros, d’adolescence et de découverte de la sexualité. Seul élément qui dénote, Suzie et Jon, les deux protagonistes, se découvrent le pouvoir de figer le temps au moment de l’orgasme. Après avoir commis les bêtises qui viendraient en tête à tout le monde, ils voient dans leur capacité une nouvelle opportunité : l’argent facile d’un braquage de banque.
L’ambiance de ce volume tient plus de l’érotisme soft que de la bande dessinée pour adultes, le dessin de Chip Zardsky étant cartoony. Les mimiques et les postures sont exagérées, proches de ce que l’on peut trouver dans les mangas, rendant la lecture dynamique et agréable. L’humour est assez fin et le thème de la sexualité abordé de manière décomplexée, sans pudeur ni vulgarité outrancière. Le ton léger du récit rappelle Don Jon et consorts, le sexe n’étant que le point de départ de l’histoire. Les couleurs sont bien choisies, surtout pour les scènes de suspension de temps qui rappelleront des souvenirs flashy à ceux qui ont lu Butcher Baker.
Il est cependant dommage que l’absurde ne soit pas plus développé, ce tome laissant sur une impression de potentiel qui n’a pas été exploité. La situation initiale ne semble jamais être dépassée, la structure narrative en flashforward cassant la surprise des événements à venir. Matt Fraction réussit toutefois à provoquer de l’empathie pour ses personnages et leurs aventures. Sex Criminals fait sourire à plusieurs reprises pour, au final, passer un bon moment qui éveille la curiosité pour la suite.
La preview
Les avis
Erik67
Le 03/09/2020 à 10:09:24
Sex criminals n’est pas à confondre avec des crimes de sexe. Non, là c’est plutôt l’acte sexuel qui suspend le temps ce qui permet par exemple de braquer une banque. On peut faire un tas d’autres choses mais non, on est bien dans l’esprit criminel de voler l’argent qui ne nous appartient pas afin de bâtir des projets. Les banques ont bon dos car elles profitent déjà allègrement des clients nous dit-on alors, on peut se servir. Je n’aime pas trop ce constat de base qui relève de la psychologie de comptoir mais passons puisque certains éditorialistes n’ont pas hésité à crier au chef d’œuvre. Prix Eisner 2014 de la meilleure nouvelle série tout de même !
Visiblement, il n’y aura qu’une seule idée originale autour duquel ce comics est bâti. Mon épouse a lu les premières pages avant moi et a stoppé net en m’indiquant que c’était spécial. J’ai pensé qu’elle exagérait un peu mais ce ne fut malheureusement pas le cas. J’aurais pu également suspendre ma lecture mais je me devais de lire jusqu’à la dernière case. Ma technique est de lire par petit bout chaque jour pour atténuer le calvaire. Voilà où mène la curiosité d'un titre et d'une couverture hautement racoleuse...
La morale sera tout de même sauve grâce à la police du sexe qui débarque de l’entre-temps pour mettre fin aux agissements de nos deux héros Suzie et Jon. Il n’en reste pas moins de nombreux mystères qui ne seront pas élucidés dans ce premier tome. J’avais envie d’y croire car le graphisme m’est apparu plutôt sympathique. La construction demeure beaucoup trop artificielle.
La suite se fera sans moi. Je suis réellement désolé. On est allé trop loin dans les supers pouvoirs en l'occurrence la capacité de geler ce qui nous entoure lorsqu'on a un orgasme ou une éjaculation précoce. Jusqu'où iront-ils ?!