Résumé: Il y a deux ans, le Japon est frappé par une énorme catastrophe qui l'isole du reste du monde. La survie du peuple est possible grâce au gouverneur Kuroyuki. Mais la sauveuse se révèle rapidement être une dictatrice. Un jour, Takeru, un des soldats de son armée spéciale, se réveille sans souvenir de ces deux dernières années et découvre la cruauté du règne de Kuroyuki. Il jure de libérer son pays.
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Dans un grand château, au cœur d’une forêt, habitait Blanche-Neige et sa belle-mère la Reine. Lasse d’être le souffre-douleur de la méchante reine, Blanche-Neige s’enfuit et rencontra sept nain dans la forêt. Grâce à leur aide, elle finit par vaincre sa marâtre. » Ainsi s’ouvre Seven – Snow White and the seven dwarfs.
Les adaptations, les digressions, voire les parodies, des contes classiques sont une pratique courante depuis fort longtemps et se révèlent particulièrement en vogue sur différents supports (romans, films, BD, séries TV). Il est possible de se réjouir de voir quel traitement plus ou moins malicieux a été réservé à ces récits qui appartiennent à l’imaginaire collectif, comme il est envisageable de se lamenter à l'heure de constater combien les histoires un tant soit peu originales ne sont plus si fréquentes (a-t-on déjà tout raconté, filmé, composé, interprété pour être obligé de réutiliser les vieilles marmites ?).
Seven ouvre une autre voie, au moins avec ce premier volet, avec une double question à la clé. La première est ludique, en prenant la forme de la quête d'un véritable lien entre la source d’inspiration avec l’œuvre originale. La seconde est plus fondamentale parce qu'elle consuit à s'interroger sur les vertus qu’on attribue d’ordinaire au format « manga ». Évitons de faire trop long : avec le terme seven pour les sept nains, aucun doute a priori en matière de cohérence. Au sujet du monde apocalyptique qui sert de décor à l’histoire, le souvenir de la figure christique de Mad Max revient en mémoire et un premier picotement du cuir chevelu apparaît. Et, pour la suite, tout se gâte.
Jugez. Deux ans après qu’une pluie de météorites géantes se soit abattue sur Tokyo au point de transformer la ville en île, Takeru émerge des décombres que la population inféodée à une force de l’ordre tyrannique tente de déblayer pour redonner une figure habitable à la cité. Le jeune homme de 16 ans n’est apparemment pas atteint dans sa chair, ne souffre ni de la faim ni de soif et les premiers mots échangés avec ceux qui le découvrent témoigne de sa volonté de retrouver son frère. Seule stigmate : son bras droit lui confère un pouvoir, celui de devenir incandescent pour éloigner ceux qui lui veulent du mal, notamment des matons qui abusent de leur autorité pour imposer leur loi à la population tokyoïte qui tente de subsister.
Pendant de longues, longues, pages, les mêmes informations seront rabâchées : une population opprimée, des flics sadiques, un régime tyrannique dirigé par la poigne de fer de la gouverneure Noire-Neige (!), un ado qui ne maîtrise pas encore son pouvoir, qui devrait être l’étincelle de la rébellion et qui rallie quelques notables à sa cause. Là où l’espace laissé par le manga est loué d’habitude (forte pagination qui permet de façonner les personnages et de creuser leur passé), le premier volume de Seven laisse le sentiment qu’une trentaine de pages auraient suffi pour raconter ce qui s’étale sur plus de deux cents.
Pour finir sur une note positive, rassurons les potentiels lecteurs : l’auteur donne à voir une jeune Blanche-Neige tout plein « choupinette » et certains personnages peuvent inspirer des cosplays de belle facture à un prochain rassemblement de fan. L’accroche éditoriale claironne : « La jeune innocente et ses valeureux compagnons ne sont pas ceux qu’on croit... » Faut-il vraiment subir quatre tomes supplémentaires pour démêler les intentions de l’auteur et ce qui l'a inspiré dans la création des frères Grimm ? Poser la question…