Résumé: Fédérica, une jeune préado italienne, passe l'été avec ses grands-parents dans la petite station de ski de Sestrières, non loin de Turin. Elle se réveille un matin après une soirée dont elle conserve peu de souvenirs et constate rapidement que son amie Noémie, qui était avec elle en soirée, a disparu. D'abord inquiète puis bientôt franchement paniquée, Fédérica se lance à la recherche de son amie, aidée par un jeune du coin, Giorgio. Au fil de leur enquête, ils rencontrent de nombreux habitants de cette station où tout le monde s'épie et où les ragots vont bon train. Fédérica découvre alors que des histoires sordides se déroulent dans la petite ville à l'abri des regards indiscrets. Intriguant, le récit alterne entre l'enquête menée par Fédérica et des flashs-back de la soirée au cours de laquelle Noémie a disparu... Deuxième roman graphique de Lucia Biagi publié en France après Point de Fuite en 2015, Sestrières est une nouvelle fois un roman graphique consacré à un personnage féminin. Lucia Biagi brosse le portrait très juste d'une jeune italienne fascinée par une amie plus âgée qu'elle, incapable de se séparer de son portable et qui exprime ses sentiments à travers des petits films d'animation qu'elle réalise toute seule. Une préado attachante qui a parfois toutes les peines du monde à faire la distinction entre ses fantasmes et la réalité...
F
ederica est en vacances à Sestrières, (authentique) station de ski transalpine, plutôt dépeuplée en cette saison estivale. Elle est sans nouvelle de son amie Noemi, depuis qu’elles sont sorties en boîte la veille au soir avec des garçons du coin. Inquiète, elle mène l’enquête, épaulée par un Giorgio peu enthousiaste. C’est l’occasion de découvrir une galerie d’habitants du cru et pour Federica d’admettre qu’elle ne connaît peut-être pas si bien sa copine.
L’histoire est efficacement agencée, alternant scènes d'investigation improvisée, flash-backs et interludes composés des créations de Federica. Ces dernières mettent en scène de petites créatures kawaï en papier découpé, révélant astucieusement son univers intérieur et contrastant avec les photos de Noemi dévêtue. Le scénario tombe malheureusement dans la facilité de la combinaison « fille belle mais superficielle » contre « fille ordinaire mais sensible » sans oublier « le pote fidèle et discret qui est en fait amoureux ».
Grâce à son trait rond habillé d’une bichromie turquoise-violet particulièrement vive, cet album devrait attirer l’œil des ados. À première vue léger, ce récit en dit long sur ce malaise juvénile, sur la difficulté de gérer ses sentiments et la désillusion de certaines amitiés – difficile de faire du nouveau de ce point de vue. Mais il dresse également en creux le portrait d’une ruralité oubliée, où l’absence de perspective se fait douloureusement sentir.
Sestrières, titre non dénué de qualités, aurait gagné à avoir des personnages plus nuancés. Il constituera néanmoins une lecture agréable pour les amateurs et amatrices de chroniques adolescentes.