Résumé: Dans cette reconstitution à couper le souffle de la grande crue de 1910, à paris, le fantastique prend le pas sur le documentaire.
la seine se joue des destinées humaines et le piège se referme autour d'un assassin en cavale, d'une belle étudiante en médecine, d'un homme d'église pris de doutes. ils auront beau se débattre, rêver d'un autre destin, prier, l'inondation les entraînera dans son sillage, n'engendrant que violence et tragédie. pour les amoureux de paris, un récit à suspense basé sur des faits réels, écrit par léo henry et magistralement mis en images par stéphane perger.
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rahi par Long-Manche, Jean Faure quitte sa planque. Pourchassé par des policiers, il entraîne Alice, qu’il tient toujours en otage, dans les égouts de Paris. Telle la Seine qui s’émancipe de son lit et envahit la capitale, la raison de Monseigneur Chelles ne de cesse de divaguer.
Si le Guetteur mélancolique portait le poids de la mise en place des personnages et du contexte historique dans son aspect documentaire, Le Pyrogène fait la part belle à la fiction et le récit s’anime. Courses-poursuites, parcours dans les sous-sols de la capitale, alliances contre nature, romance … Après s’être croisées, les destinées des différents protagonistes s’imbriquent. La perception de leur psychologie s’affine. Chacun s’implique, agit comme bon lui semble, sans savoir pour autant s’il part ou non à la dérive, se compromet ou pas, sans mesurer les risques. L’étau engendré par la crue se resserre, les situations se compliquent et l’avenir s’assombrit, inexorablement.
Certainement inspiré par le renvoi du titre de l’album fait à une œuvre de Georges Braque, l’un des pères du cubisme, Stéphane Perger se lâche. Il ose tout, se joue de tout, des techniques, des gaufriers, des perspective, du découpage, des cadrages. Il offre avec brio un festival graphique. Si la différenciation des caractères des visages peut être encore améliorée dans le but de faciliter l’identification des personnages, la transcription des atmosphères, le choix des couleurs, le jeu des ombres et la restitution de la sensation de mouvement, sont en tous points parfaits. La peinture dégouline comme le fleuve innonde, et scarifie les âmes. Et que dire de la force narrative des planches 42 à 47 dans lesquelles l’illustration se substitue totalement et naturellement au texte ? Du grand Art !
La déesse de la Seine est toujours en colère. L’intrigue se poursuit, le rythme s’accélère. Si le prochain et dernier tome est supposé lever le voile sur l’étendue des dégâts, Le Pyrogène s'inscrira certainement comme l’ouvrage qui aura permis de révéler la virtuosité graphique de Stéphane Perger.