Info édition : Noté "Première édition". Cahier graphique en fin de volume, 5 pages
Résumé: Hector et Rupert se retrouvent du jour au lendemain embrigadés de force au sein d'une unité de Space Marines, destinée à coloniser de nouveaux mondes pour assurer la survie de l'espèce humaine. En désaccord total avec leurs idéaux colonisateurs, ils n'ont qu'une seule envie : déserter en sabotant la mission. Mais dans le vaste univers, l'amitié, la vengeance et même l'amour peuvent s'entrechoquer au contact de chaque étoile.
H
ector et Rupert n'aspirent qu'à quitter la zone sèche où ils sont nés et ont grandi. Le monde est en effet à l'agonie et l'humanité au bord du précipice. Seuls les chanceux qui vivent dans la ville protégée par son dôme s'en sortent tandis que les autres survivent comme ils peuvent, en se cachant des milices et se nourrissant de ce qu'ils trouvent. Pour échapper à leur condition le duo pénètre dans Meatfake, la mégapole qui trône au milieu des débris de la civilisation. Mais à peine sont-ils arrivés qu'ils se voient enfermés avec pour seule issue de s'engager dans les forces d'expansion spatiale...
2024 serait-elle l'année El Diablo ? Le prolifique auteur, tantôt seul tantôt accompagné d'un dessinateur, envahit les rayons en variant les styles. Après Bonjour vieillesse, Le sauveur du monde (tous les deux aux éditions Rouquemoute), le remarqué Carcajou (avec Djilian Deroche aux pinceaux, publié chez Sarbacane) et Phase Finale (au Lombard avec Romain Baudy et Andrea Izzo), le voilà associé à Mathieu Thonon (Brane Zéro chez Akiléos). Ensemble, ils proposent une série de science-fiction au postulat pas si improbable que cela. L'Humanité, ayant épuisé les ressources de la Belle Bleue, s'est lancée dans la conquête d'autres planètes. Pour cela, les entreprises qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu recrutent et forment des soldats, souvent piochés dans la population défavorisée, chargés d'explorer et de coloniser de nouveaux territoires sans se soucier d'éventuels locaux récalcitrants.
Cela vous rappelle quelque chose ? C'est normal, El Diablo ne s'en cache pas, pour lui la source d'inspiration est autant le passé (colonial) que le présent (la sur-exploitation des ressources et le modèle ultra-libéral de nos sociétés « modernes »). Au-delà du postulat de départ, les auteurs s'appuient sur un tandem de héros attachants. Poussant quelque peu les curseurs, ils marchent en équilibre entre caricature, action et rigolade. L'armée de Meatfake, notamment, est suréquipée, surentraînée et ses instructeurs et autres dirigeants sont des militaires parfaitement caricaturaux. Les combats sont sanguinolents et le danger partout, pourtant, grâce à des dialogues piquants, l'humour est de mise. Il crée une distance avec les évènements décrits qui pourra surprendre mais ce parti pris est, là encore, revendiqué par les auteurs. De la même manière, le style moderne du dessinateur, son découpage et sa colorisation parfois vive, ajoute à cet effet. Grâce à ces choix, et même si certains rebondissements sont sans réelle surprise, l'ensemble se révèle plaisant.
Album au rythme échevelé et aux personnages attachants, Space Marines remplit son office et lance parfaitement cette nouvelle série de science-fiction. Nul doute qu'avec Semper Féri, El Diablo et Mathieu Thonon combleront les fans d'action débridée et de conquête spatiale. Mais ils devront proposer plus de profondeur et de surprise pour convaincre sur la durée.
Les avis
Shaddam4
Le 24/07/2024 à 11:53:57
Cet album a attiré immédiatement mon attention en me plongeant dans l’archéologie du blog, lorsqu’il y a presque huit ans (ça ne nous rajeunit pas!) je chroniquais un de mes premiers albums de retour de mon unique séjour à Angoulême où j’avais pu rencontrer le très sympathique Mathieu Thonon sur sa première publi, le brillant diptyque Brane Zero. Guettant de temps en temps une nouvelle création d’un auteur fort prometteur, je me suis précipité sur cette nouvelle série, un peu trop vite peut-être. Car Semper Feri est à la jonction entre l’album jeunesse et le Young Adult, propulsé par le scénariste El Diablo, venu de la presse BD satirique, et donc loin de la Hard Science qui m’avait tant plu sur Brane zero. Les qualités scénaristiques de Thonon sont donc hors sujet et sa technique, si elle s’est clairement développée sur la colorisation numérique plutôt chouette pour le genre, n’a que peu progressé depuis ses débuts.
On est donc en présence d’une honnête BD de SF militaire dystopique qui reprend une multitude de passages obligés et se repose essentiellement sur des designs plutôt réussis. Associés à un découpage très efficace, on peut dire que la forme joue son office malgré des personnages qui hésitent entre le style épuré type Animation mais sans la technique permettant une dynamique des mouvements, et le style jeunesse qui atténue la violence insistante de l’univers. Avec des personnages archétypaux et des scènes téléphonées comme cette belle scientifique résistante de l’ombre qui va emballer le cœur de notre gros bourrin de héros, le scénario a lui aussi un habillage alléchant mais une maîtrise partielle que les dialogues n’aident pas à alléger.
Comme souvent dans cette part de marché (comme sur le dernier Batman: White Knight), selon le public concerné le lecteur pourra passer outre ces limites calibrées ou les trouver trop déjà-vus pour s’arrêter sur cette création au milieu des centaines d’autres en librairie…
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/06/12/semper-feri-1-space-marines/