Résumé: Parfois, avoir des super-pouvoirs est tout sauf une bénédiction.Issue d'une famille d'agriculteurs menacée par la famine, Asmodée est vendue par son père à la puissante reine Bérénice. Dans son royaume où la misère côtoie la richesse, certains enfants abandonnés ont curieusement développé des pouvoirs extraordinaires : ils sont désormais ce qu'on appelle des Semi-Déus ! Oni a le don de dupliquer les objets tandis que d'autres comme Namielle peuvent soigner les blessés ou encore se rendre invisibles. Mais seule Asmodée possède le pouvoir unique de métamorphe. Faisant désormais partie d'une élite vénérée par la population, elle peut changer son apparence à l'infini. Pourtant, c'est au prix de terribles souffrances que la jeune fille s'est transformée... Car personne ne sait vraiment ce qui se trame derrière les murs du palais. Comment la reine se joue-t-elle de ces enfants élevés à servir ses intérêts et à assurer la prospérité de la cité ? Et que deviennent ceux pour qui l'expérience tourne mal ? Ce qui est certain, c'est que leurs capacités hors normes attirent la convoitise des autres cités... Quand le prince de Méridan se présente devant sa majesté, le secret le mieux gardé risque d'éclater au grand jour. Pour éviter que les Semi-deus ne lui échappent et que les dirigeants de la ligue n'apprennent la vérité, la reine a un plan. Et Asmodée pourrait lui être fort utile...
Cette nouvelle série romanesque qui met à l'honneur l'imaginaire nous promet une aventure trépidante, machiavélique et remplie de suspense dans un univers empreint de mystère. Une grande série qui s'annonce d'ores et déjà captivante avec un florilège de personnages intrigants et une héroïne attachante pour découvrir un monde au-delà des apparences...
L
a situation est catastrophique à la ferme où Mery vit avec sa famille : les mauvaises récoltes se succèdent et le spectre de la famine plane. Afin d’obtenir l’aide de l’omnipotente reine Bérénice, le père se rend à la capitale, accompagné de la gamine. Mais, pour cette dernière, le secours espéré prend un tour inattendu : elle est vendue à la souveraine contre la prospérité des siens. Quelques années après, elle est devenue Asmodée et appartient au cortège des Semi-Déus, ces enfants aux capacités magiques, vénérés par la population et asseyant l’emprise de la dirigeante. Possédant le rare don de métamorphose, l’adolescente s’ingénie à s’en amuser, peu attentive aux lézardes qui entament la belle façade du système.
Après Bakamon et Kinra gils, Jean-Gaël Deschard et Juliette Fournier entament une nouvelle collaboration, qui s’inscrit dans un univers baignant dans la fantasy, comme leur série Kami.
Tome introductif, La fabrique des enfants dieux installe le décor, présente les personnages et laisse entrevoir quelques enjeux. Plutôt classique, le schéma n’en demeure pas moins efficace et ménage quelques effets de surprise. Bien que l’ellipse de cinq ans s’accompagne d’un bref flottement, celui-ci est dissipé dès qu’Asmodée est identifié comme étant Mery. Ce faisant, le procédé suscite la curiosité du lecteur amené à s’interroger sur le changement de nom ainsi que sur les pouvoirs acquis par l’héroïne. Progressivement, le scénario égrène des éléments participant au mystère. Il met en avant des pratiques sombres, un contrôle de tous les instants, des dissensions internes et des réclamations externes. En parallèle, le scénariste entoure la protagoniste de figures secondaires – mentors, autres Semi-Déus – encore peu approfondies mais déjà assez caractérisées, certaines suscitant même un certain intérêt. Quant à la fameuse reine Bérénice, elle apparaît machiavélique à souhait et plusieurs passages donnent un aperçu de ses méthodes. Une pincée d’humour saupoudre l’ensemble et va de paire avec un côté un peu caricatural qui se retrouve dans les échanges.
Pour animer cette aventure, Juliette Fournier déploie un dessin typé manga et une mise en couleur globalement agréables. Grands yeux, traits expressifs, tenues japonisantes ou hellénisantes, décors soignés trouvent place dans des planches composées de quatre à huit cases. Les cadrages et plans alternent bien sagement entre vues rapprochées et angles plus larges. Enfin, si tout est très lisible, il est dommage que le dynamisme reste timide.
En dépit de quelques bémols, cette ouverture de Semi-Déus constitue une lecture plaisante, avec un personnage fort et un propos promettant d’être intéressant autour de la manipulation et de l’emprise sur fond de merveilleux. À découvrir.