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ille d'aristocrate, Miss Rose aime quitter la vie de château pour voir de ses yeux l'animal de ses rêves : la licorne. Un jour qu'elle en surprend une en forêt, la bête est abattue par une chasseuse impitoyable : Raynd. La naïve petite princesse organise alors un casting de mercenaires pour trouver qui pourrait débarrasser son pays de la brunette. Mais cette dernière jouit d'une réputation telle qu'aucun homme n'ose s'opposer à elle, et se révèle même compter parmi les proches du père de la jeune fille.
Dans un royaume où la licorne s'avère être une viande de choix, comment une passion d'enfant pourrait-elle gêner une consommation qui fait tourner la société ? Situé en plein heroic fantasy, Les Secrets de Darkwood introduit un univers de conte de fée littéralement passé au mixer. Les lieux, l'ambiance, les personnages et l'histoire sont sordides, glauques et pleins d'humour noir. L'héroïne sort de sa chambre rose bonbon pour découvrir la triste réalité qui l'entoure : son père a bâti son immense fortune sur la boucherie "chevaline". Pire, par l'intermédiaire d'un journaliste, la vérité est telle qu'il a fondé sa cité après avoir exproprié puis massacré les natifs originels dont la seule survivante constitue son bras armé dans la chasse aux licornes ! En parallèle, une licorne exaspérée par les actions des hommes décide de s'en prendre à eux en vendant son âme au diable. Elle acquiert non sans difficultés des capacités humaines et s'en va détruire les responsables.
Bien des situations prêtent à rire, tant elles sont volontairement grotesques ou parodiques. Pour exemple le fameux casting où les brutes épaisses et autres barbares font la queue avant de se présenter à Miss Rose et de refuser un à un de façons bêtes ou loufoques la quête qu'elle voudrait leur confier. Quant au pacte entre le cheval cornu et le démon, il faut encore là bien s'accrocher tant l'animal est ridicule et l'esprit du mal mauvais commercial !
Mais c'est bien ce qui confère sa force au manga, au détriment d'un dessin rappelant un Priest bâclé. Les planches ont des allures d'esquisses grossièrement épaissies, les illustrations sont comme taillées au couteau et les décors manquent pour habiller un tel univers. Heureusement la surprise du second degré fait passer la pilule.