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ndalousie, 1808. Sous la houlette de l’aristocratie espagnole, Angel Talavera et ses guérilleros se révoltent contre l’occupant français. Surnommé El Libertador, le jeune homme d’origine paysanne, devenu le symbole de l’armée de résistance au fil des victoires, n’est pas dénué d’ambition et rêve même d’épouser la fille d’un comte. Sa promotion sociale n’est cependant pas vu d’un bon œil par tout le monde et un lourd secret familial pourrait bien l’empêcher de se hisser au-dessus de sa condition…
Ce diptyque issu de la collection Secrets des éditions Dupuis est bien entendu à nouveau imaginé par Frank Giroud. Si le nom du scénariste ne constitue pas une surprise en soi, il faut cependant noter l’arrivée d’un jeune dessinateur de talent au sein du neuvième art, ainsi qu’un contexte historique jusque-là peu exploité en bande dessinée. Le récit se déroule en effet au début de la guerre d’indépendance espagnole, lorsque les troupes de Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon, multiplient les revers face aux guérillas populaires. C’est parmi ces insurgés que Giroud choisit le héros de son histoire.
Une fois le décor mis en place, la recette se révèle assez classique et le secret qu’elle est sensée renfermer échappe à la fadeur grâce au talent d’un cuisinier de renom, qui sait y ajouter les ingrédients qui font les bons mets. Au niveau des relations humaines, la tension père/fils du tome précédent est de nouveau au rendez-vous malgré le changement d’acteurs. Le volet sentimental s’intègre toujours aussi bien dans l’ascension fulgurante de ce garçon qui tente de fuir ses origines modestes depuis le plus jeune âge, mais qui découvre progressivement qu’il n’est pas entièrement maître de son destin. Ajoutez ensuite un soupçon de religion, incarnée par la présence du charismatique padre Fulco et l’influence importante de l’église dans cette Espagne du XIXème siècle. Puis, saupoudrez le tout de quelques mystères familiaux, qui prennent toute lors ampleur lors de cette conclusion, et d’un brin de suspense, à l’image du cliff-hanger qui abandonnait le lecteur à la fin du volet précédent. Le tour est joué !
Pour la présentation du petit plat qu’il a concocté, Giroud semble également avoir eu le nez assez fin en confiant la tâche à Javi Rey. Le dessinateur belgo-ibérique livre en effet un premier travail absolument irréprochable. Proposant un dessin efficace et réaliste, l’artiste fait preuve de beaucoup d’aisance, que ce soit au niveau des décors, des costumes, des personnages ou des scènes d‘action, le tout rehaussé par la colorisation experte de Delf.
Un récit classique et efficace, au sein d’une collection dont le gage de qualité n’est finalement plus un secret pour personne.