Info édition : Mention "Pour lecteurs avertis" ° Couverture avec rabats
Résumé: Scarlet est victime d'une société profondément injuste et corrompue qui fait voler sa vie en éclats.
A partir de là, l'existence de la jeune femme prend un autre tournant car, au lieu de continuer à vivre comme si de rien n'était, elle décide de se rebeller violemment. Le clash entre sa nouvelle vision du monde et le statu quo qui régit la société provoquera une étincelle qui allumera la mèche d'une révolution moderne et meurtrière.
Publié en 2010 par Marvel Comics via son label indépendant Icon, Scarlet est un des rares titres du fameux duo composé de Brian M. Bendis et d’Alex Maleev (Daredevil, Iron Man et Event Leviathan, pour ne citer que les collaborations qui m’ont marquées) à ne pas traiter des super-héros. Et cette jeune anarchiste "indignée" est, dans son discours comme dans ses actes, bien loin de partager leurs nobles valeurs morales (Scarlet 2010, #1-5).
Ce qui frappe d’emblée à la lecture de Scarlet, c’est la manière dont l’héroïne brise le quatrième mur en s’adressant directement à nous. Pas dans un ressort humoristique à la Deadpool ou Harley Quinn, mais afin de prendre le lecteur à témoin et de l’embarquer dans son discours d’extrême-gauche au mieux discutable, au pire irrecevable. L’histoire traite en effet d’une bavure policière puis de la vengeance et du début de rébellion qui s’en suivent. S’il s’agit bien sûr d’une fiction assez divertissante, elle m’apparait malgré tout légitimer le recours à la violence (en l’occurrence le meurtre des policiers corrompus) notamment en l’absence de contre-discours.
Quant au dessin de Maleev, il me plait toujours autant depuis son passage sur Daredevil et convient parfaitement à l’ambiance du récit. Il déplaira cependant comme toujours à ceux qui n’y voient qu’un roman-photo à peine amélioré (un style comparable à celui de Jean-Michel Ponzio pour la BD franco-belge). Cette impression est d’autant plus renforcée sur ce titre qu’il n’y a, à la différence de ses autres travaux, aucun aspect super-héroïque permettant d’atténuer ce photoréalisme. On peut alors comprendre que cela soit par moments perturbant, notamment sur les visages.
Du côté de l’édition, on ne pourra bien évidemment que déplorer l’abandon de Panini Comics et inviter les lecteurs à se tourner vers la VO car l’histoire ne se suffit pas des seuls cinq premiers numéros. Espérons toutefois que le rachat du label Jinxworld par DC Comics en 2018 suivi de la récente publication d’une seconde saison de Scarlet donne l’idée à Urban Comics d’offrir enfin une édition complète de ce titre au public francophone. Et tant que nous y sommes, on peut en espérer de même pour Pearl (avec Michael Gaydos) et Cover (avec David Mack).
fabver
Le 15/04/2014 à 16:04:41
Génialissime !!!
Cet album est vraiment très sympa, on meurt d'envie d'en dévorer la suite.
Je l'ai fais lire à 6 personnes n'accrochant pas forcement avec les bds, et leurs avis ont été unanimes, super !!!
Mais quand sortira le prochaine album, nous n'en pouvons plus d'attendre .
mome
Le 18/02/2012 à 17:28:24
Voilà une histoire que j'ai vraiment bien aimée.
Une jeune femme voit sa vie détruite par la faute d’un policier corrompu. Sortie du coma elle mène une enquête pour s’apercevoir que c’est plus qu’un homme qui est corrompu, c’est tout le système. Sa vision du monde et de la place qu’elle y occupe va alors changer. Dans un monde qu’elle juge agonisant, une société autiste qui préfère ne rien voir, ne rien savoir, elle va choisir de faire bouger les choses.
Un excellent thriller politique qui joue sur l'ambiguïté de la réaction de Scarlet après qu'un flic corrompu ait foutu sa vie en l'air. On n'a pas le droit à un plaidoyer sur la justice individuelle mais à une réflexion sur un monde corrompu, usé jusqu'à la corde qui n'est plus capable d'évoluer et qui agonise lentement et douloureusement. Scarlet décide qu'il faut l'achever pour en faire naître un autre. Elle va essayer d'éveiller les consciences en sachant qu'il faudra sans doute se salir les mains. Ce premier épisode nous emmènera jusqu'au début de cette "révolution" (enfin les frémissements). La dualité entre des sentiments nobles et des actes répréhensibles est bien menée avec une technique de narration bien particulière puisque Scarlet s'adresse au lecteur, le regarde comme elle regarderait une caméra. C'est surprenant au début mais cela contribue rapidement à établir une proximité avec l'héroïne.
Ce qui m’a également séduit, c’est que l’on ne tombe pas dans un thriller d’action brute, plein de bruit et de fureur. Il y a certes de la violence mais une violence réaliste, celle de notre monde. Le scénariste construit la nouvelle Scarlet, nous montre son cheminement et évite d’en faire une super guerrière qui va faire tomber les flics et les élites à coup de rafales de fusil mitrailleur et une surenchère d’exploits irréalistes. Le récit se lit lentement, il y a beaucoup de dialogue.
Le dessin offre des planches superbes, on dirait parfois des photos retouchées. Le travail sur le cadrage et les angles de vues offre un dynamisme au récit. Bon après, moi qui à la base ne suis pas fan de comics, je pourrai pinailler sur des décors légers, des imprécisions de ci de là en particulier sur les visages et quelques choix de couleurs, mais ici, cela ne m'a pas dérangé tant le dessin est efficace, tant il parvient à rendre l'atmosphère désabusée du récit.