Résumé: Une famille où il fait bon vivre
Fin du XVIIe siècle, dans la campagne rouennaise. Suite à une chute de cheval, Charles-Louis Sanson est recueilli par un fermier taciturne et sa fille, Marguerite. Alors qu’il tombe amoureux de la belle, le jeune homme ne s’imaginait pas épouser la fille de Pierre Jouenne, bourreau de la région ! En bon gendre, Charles hérite donc de la funeste tâche et devient exécuteur à son tour. Mais en plus de la mort qui jalonnera son parcours, il hérite d’un autre compagnon d’infortune : L’Amateur de Souffrance. Un monstre à apparence humaine et auteur d’un sombre pacte avec tous les bourreaux du pays, s’abreuvant de la souffrance des autres au moment du supplice final pour conserver une jeunesse éternelle. Car quoi de mieux qu’assister à une exécution publique pour assouvir cela ? Incapable de se résoudre à pactiser avec le diable en personne, Charles Sanson mettra tout en œuvre, jusqu’à former son fils et tous ses descendants, pour lutter contre ce personnage terrifiant qui traverse les âges. Une lutte sur six générations s’engage…Les Sanson sont une famille de bourreaux qui a officié entre le XVIIe et le XIXe siècle. Ils exécutèrent notamment Cartouche, Robert-François Damiens, Louis XVI et Marie-Antoinette, Robespierre, Lavoisier, Charlotte Corday, Danton ou encore Lacenaire.
S’inspirant de cette funeste dynastie, Patrick Mallet livre un récit haletant comme une série TV, mêlant habilement la Grande Histoire au fantastique pour manipuler le lecteur tel l’Amateur de Souffrance avec ses bourreaux.
L
orsque Charles-Louis Sanson croise Marguerite, il en tombe tout de suite amoureux. Il ne sait cependant pas que la demoiselle est la fille du bourreau. Comme ce dernier n’a pas d’héritier, la sinistre charge revient à son gendre. C’est comme ça et ça ne se discute pas. Ce n’est pas de gaité de cœur que le jeune marié apprivoise la carrière de briseur d’os et de trancheur de têtes, il s’y fait tout de même. Après quelque temps, il découvre que la fonction dissimule également un pacte avec un mystérieux spectateur, lequel exige de recevoir différentes parties du corps des condamnés. Voilà qui lui cause bien des tourments.
À travers une pratique devenue inusitée, Les Sanson et l’amateur de souffrance présente un XVIIe siècle riche en hypocrisies. Le public assiste aux exécutions et en fait pratiquement une fête, mais refuse de fréquenter l’exécuteur et sa famille. Le protagoniste n’aime pas ce métier, la paie se révèle cependant bonne et il prépare doucement son fils à prendre la relève. Le récit se montre dans l’ensemble bien construit et le parcours du héros, prisonnier des traditions familiale et sociale, demeure crédible. Le propos est dur et son traitement doit être à l’avenant ; le lecteur aurait néanmoins apprécié quelques pauses, lesquelles auraient donné davantage d’impact aux scènes de haine, de colère et de violence qui se suivent et se ressemblent parfois.
Le dessin de Patrick Mallet remplit son mandat. Utilisant abondamment le noir et les teintes foncées, il traduit le côté macabre de l’histoire. Son trait, très gras, nuit au jeu des acteurs qui manquent de subtilité. Les yeux écarquillés foisonnent, idem pour les rictus et les mines déconfites. La composition est pour sa part efficace, l’artiste dynamise les planches en variant constamment les formats et les formes de ses cases. Il multiplie par ailleurs les gros plans, particulièrement ceux des visages, insistant de cette façon sur les sentiments des personnages.
Oscillant entre romance et fantastique, le scénario, bien qu’il soit un peu convenu, se lit agréablement.
Les avis
clickgear
Le 23/02/2019 à 21:04:02
Le dessin n'est pas de Patrick Mallet mais de Boris Beuzelin
Ceci étant dit....ce premier volume est pour moi un sommet
Zelmiro
Le 23/02/2019 à 16:10:25
Une belle lecture pour l'amateur d'ouvrages historiques que je suis.
Le côté surnaturel peut surprendre au départ mais permet d'assurer une trame agréable qui servira sans doute de fil rouge à ce récit familial prévu en 3 tomes.
Bravo messieurs et vivement la suite...