Résumé: Henri Charrière a vingt-cinq ans et on l’appelle Papillon. Un surnom qui trouve son origine dans le tatouage qui orne sa poitrine.
Ce Don Juan du Montmartre des années 30 se retrouve accusé à tort d’un meurtre et prend «perpet’». Il troque alors son costume trois pièces contre celui des travaux forcés. Mais bien vite, Papillon enfile la tenue qui lui vaudra sa réputation : celle de l’évadé.
Dans ce livre-disque, Sanseverino incarne le célèbre bagnard et chante ses aventures au son de sa guitare, accompagné par le dessin fringant de Sylvain Dorange.
Un album à lire ET à écouter où musique et dessins dialoguent et se répondent pour nous faire découvrir la vie mouvementée d’Henri Charrière !
B
eau gosse traînant dans des affaires louches, Henri, dit "Papillon" à cause du tatouage sur sa poitrine, est condamné à perpétuité pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Envoyé à Cayenne avec cinq mille six cents francs dans son fondement, il ne pense qu'à une chose : se faire la malle et se venger.
Papillon est un de ces albums conceptuels nés d'un "et si" au coin d'une table. Après avoir commandé à Sylvain Dorange le design de son nouveau CD, Sanseverino a eu l'idée d'une BD bâtie sur ses chansons et retraçant l'histoire d'un évadé célèbre du bagne de Cayenne : Henri Charrière, le compositeur intervenant comme narrateur sous la défroque de Papillon. Hélas, un bon concept ne fait pas toujours un excellent album. Le personnage principal traverse les planches sans qu'il soit possible de percer sa psyché, le récit galope sur un tempo saccadé, peut-être adapté à la musique mais qui crée une impression de superficialité à la lecture. Contrairement à Paco les Mains Rouges, un ouvrage sur le même thème, Papillon s'articule autour d'un personnage insaisissable et opaque auquel il est difficile de s'attacher. Et pourtant, le sujet est passionnant : un homme qui clame son innocence, ne songe qu'à revenir faire payer le coupable, renonce au paradis dans sa quête obsessionnelle. Il aurait peut-être fallu un découpage plus fluide.
Au dessin, Sylvain Dorange fournit un très beau travail dans un style à la fois sobre et allégorique, avec de belles métaphores graphiques et sonores comme cette page où un juge se transforme en bouledogue et aboie la sentence, ou une perspective psychédélique d'un Montparnasse. Dommage qu'il n'ait pas eu plus d'espace pour s'exprimer, a minima dans un format classique.
Entre musique et dessin, une union sympathique qui aurait mérité plus d'ampleur et, paradoxalement, moins de rythme.