Résumé: Jacques Tardieu est un jeune homme brillant de 24 ans qui vient de réussir sa thèse de médecine. Pourtant, il résilie son sursis d'incorporation et part en Algérie comme médecin. Il y débarque en 1959 et se retrouve pris dans un engrenage fait de hasards administratifs et d'obligations militaires. Dans ce cadre hostile, sur fond de crise politique et de menace terroriste, il doit trouver sa place.
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n déplacement en train pour participer à une réunion de famille sert de prétexte à Pauline pour discuter avec son père. Ce dernier, très distant et peu enclin aux confessions, se retrouve « coincé » et va être obligé, enfin, de se confier. 1959, Gilles Tardieu, fraîchement diplômé de médecine, s'engage dans l'armée et atterrit en Algérie en pleine lutte pour son indépendance.
En s'inspirant de la vie de son propre papa, Claire Dallanges a imaginé un récit à la fois intimiste et révélateur de l'état d'esprit d'un citoyen lambda plongé dans un conflit - on disait « événements » à l'époque - cruel et violent. Gilles permet à la scénariste de montrer le quotidien à hauteur d'homme. La vie de caserne, les patrouilles et une certaine réalité partagée aussi bien par les Pieds-noirs que les Algériens. En effet, en bon médecin, le héros soigne tout le monde, il s'aventure dans les villages et dialogue autant avec des bergers miséreux en quête d'avenir qu'avec des riches propriétaires terriens sur le point de tout perdre ; simples mortels partageant tous une même peur face au chaos qui se répand. Pas de moments de bravoure improbables ou d'explications géopolitiques globales, juste un témoignage sincère et désabusé à propos de deux années qui influencèrent à jamais l'aspirant docteur.
Marc Védrines redonne vie à ces temps d'incertitudes d'une manière globalement convaincante. Malheureusement, un peu submergé par l'abondance des dialogues et de textes narratifs, le dessinateur ne parvient pas à véritablement imposer un cadre graphique totalement efficace. Entre le format réduit et la richesse du matériel présenté, Védrines subit plus qu'il n'accompagne les propos. La lecture reste néanmoins prenante, grâce à la très belle évocation de ce pays merveilleux et de ses habitants.
Album très, voire trop, dense, Salam toubib offre une intéressante plongée au cœur des acteurs d'une guerre sans nom qui marqua profondément le devenir de la France et de son ancienne colonie .
Les avis
Erik67
Le 03/09/2020 à 21:19:03
Je dirai encore une évocation de la guerre d'Algérie dans l'une de sa période la plus noire (1959-1961). Nous suivons un jeune médecin appelé en Algérie durant ce que le gouvernement a appelé les événements pour gommer l'appellation de guerre et se soustraire ainsi à la Convention de Genève.
La jeune Pauline 18 ans interroge son père après un acte de bravoure de celui-ci sur le quai de la gare où il se faisait braquer. La pratique de la torture ? Elle est balayée par le fait que les exactions venait des deux côtés. La victoire militaire française sur le terrain ? Balayé par des suppositions émanant du haut commandement.
Il reste un témoignage assez intéressant pour comprendre le traumatisme algérien en ouvrant la boite noire des souvenirs. Il semble que les plaies de ce conflit ne soit pas totalement refermées plus de 50 ans après. Je pense qu'il serait sans doute temps de tourner la page et de penser au présent de nos contemporains sans oublier bien sûr les erreurs du passé qui ont été partagées.
Que dire sur la forme en quelques mots ? Un trait particulièrement soignée et une narration efficace. De la rigueur et de la sincérité pour un grand plaisir de lecture.
judoc
Le 20/08/2016 à 17:15:12
Un récit dense et subversif qui nous plonge au coeur de la guerre d’Algérie. L’histoire inspirée de faits réels est prenante et bien contée, accompagnée par un dessin qui semble hésitant mais adapté au sujet.
J’ai, par contre, trouvé la relation père/fille complètement creuse et/ou dénuée de sentiment ¨même si leur "voyage" n’était qu’un prétexte au déballage de cette tranche de vie douloureuse. L’album et les personnages auraient gagnés en profondeur et facilités l’empathie si ce lien avait été plus travaillé.
Bon album malgré ce petit travers !