Résumé: César règne sur Rome, il est en conflit avec Pompée. La routine. Mais c'est un César un peu bas du front, autocentré, autosatisfait et à l'imagination fertile. En un mot ingérable. Brutus, qui n'en pleut plus que César le prenne pour son fils, décide de mener un complot pour se débarrasser de l'Imperator. Mission apparemment assez simple, mais la bêtise crasse ne sera pas que du côté de César...
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ome, 44 av. J.-C., à l’heure de l’apéro. Contestant les changements politiques de son père, Brutus décide de monter un complot avec des potes. D'un petit truc sympa entre deux orgies, l’affaire prend de l’ampleur alors que d’autres mécontents se joignent au club. De son côté, Jules ne voit rien venir et, pour convaincre le sénat de lui donner les pleins pouvoirs, décide de tout miser sur son physique. Il va au gym régulièrement et ses efforts commencent à se voir au niveau des pectoraux.
L’humour décalé mélangeant allégrement anachronismes et références diverses est à la mode. Kaamelott est devenu culte, tandis que d’autres voient en Fabcaro le nouvel étendard de ce mouvement. Flairant la bonne idée, les éditions Delcourt ont lancé, sous la houlette de James, la collection Pataquès pour tenter de profiter du filon. Karibou (Dialogues) et Josselin Duparcmeur ont parfaitement assimilé la recette et proposent avec Salade César une version antique spécialement assaisonnée de ce genre de satire si délicat à manier.
Un soupçon d’absurde, des dialogues qui laissent coi, une accumulation de moments WTF, le scénariste démontre un savoir faire certain. Découpé en gags d’une planche, le récit s’avère particulièrement rythmé. En effet, pas le temps de s’attarder sur une situation qu’une autre fait son apparition, à peine séparée par une chute astucieusement posée. Rarement les running gags n’auront mérité leur nom. En résumé, ça va vite, c’est cinglant et hilarant.
L’ensemble est porté par un trait direct allant à l’essentiel. Dessins clairs à la limite du schématique, mise en scène sans chichi et bichromie minimaliste, le dessinateur ne joue pas la surenchère et préfère laisser tout le poids des effets aux mots. Ce choix était le bon, car cette approche graphique « sage » apporte une discordance supplémentaire à cette relecture loufoque et improbables des guerres intestines romaines.
Il va sans dire que l’entreprise était risquée, un certain René Goscinny ayant déjà bien déminé l’époque. Logiquement plus moderne et dans l’air du temps, Salade César n’a cependant pas à rougir face à l’esprit légendaire du créateur d’Astérix. Drôle, jamais méchant, vulgaire ou gratuit, l’album est une réussite remplie d’instantanés délirants et de réparties fracassantes et mémorables.