Info édition : Avec un vernis sélectif sur la couverture et le 4e plat.
Résumé: Au service des voyageurs galactiques, l’Intersection 55 est un monde froid où règne la règle des cent mille cent secondes. Mais la Coulœuvre arrive ! Panne du réseau, retour d’une divinité oubliée ? Trente heures d’un dysfonctionnement tout aussi inattendu qu’inexorable et dont l’enjeu est le contrôle de cent milliards d’étoiles.
L
e calme habituel a fait place à l'effervescence dans l'Intersection 55, où tout semble indiquer une résurgence de la Coulœuvre. Même le Picte ne parvient plus à maintenir ses ouailles dans le droit chemin, pourtant habitué à faire régner la paix – et la résignation – au sein des Mohaïs. Ce peuple de bâtisseurs, à l'origine du réseau de portes spatiales qui a permis aux hommes d'étendre leur emprise sur l'univers, semble vouloir quitter son statut d'ethnie soumise, aidé par un vent de révolte habilement entretenu et stimulé par une main inconnue.
Difficile de s'y retrouver dans l'univers développé par Serge Lehman, entre passé mythique et présent embrouillé, au sein d'un gigantesque astroport où se croisent d'innombrables espèces venues de tous les coins du monde connu. Après un premier tome déstabilisant, mais dont les qualités graphiques et scénaristiques lui avaient valu une critique largement positive, le deuxième avait la lourde tâche d'apporter un peu d'éclaircissements. C'est donc avec un mélange d'avidité et de circonspection que s'aborde ce nouvel album.
Le dessin rassure d'emblée, remplissant son rôle à merveille, celui d'aguicher, de séduire et, surtout, d'intriguer. Après d'autres productions moins flamboyantes, Jean-Marie Michaud trouve avec La saison de la coulœuvre un terrain bien plus propice à la créativité, conférant à l'ambiance générale une réelle touche de jamais vu. Grandiose quand il s'agit de représenter les vues aériennes de l'Intersection, avec ses falaises et ses surplombs, le graphisme peut aussi se faire plus intimiste et donner la pleine mesure aux sentiments des personnages... ou à leur absence. Car c'est dans cette thématique que Serge Lehman excelle, plus peut-être que dans un découpage qui, parfois, n'aide pas à clarifier un scénario particulièrement complexe.
Pour illustrer cette thématique forte, le dessinateur joue avec brio sur l'alternance des couleurs. Il brise ainsi la prédominance gris-bleu de ses planches en introduisant par moments des tonalités particulièrement vives, accompagnant visuellement les poussées de haine et d'amour qui viennent semer le désordre dans un monde autrement aseptisé. Ce monde, nous le découvrons à travers les yeux d'une multitude de personnes, l'absence de héros, ou même d'un personnage véritablement central, étant une autre caractéristique assez inhabituelle de cette série.
Entre une envie de suivre les auteurs dans une démarche que l'on devine passionnée, et un brin de scepticisme face à un univers dont les ramifications, à la portée encore inconnue, menaçent à tout moment de faire basculer l'histoire dans l'incompréhensible, le cœur de l'amateur de science-fiction n'a sûrement pas fini de balancer. Et il est fort à parier que le verdict ne tombera qu'une fois la série arrivée à son terme. D'ici là, un seul mot d'ordre : s'accrocher, accepter de ne pas tout comprendre, et se laisser porter par un univers qui n'en reste pas moins enchanteur.
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Les avis
Hugui
Le 20/06/2009 à 20:37:08
Le dessin est toujours aussi minutieux et original, la couleur intervient toujours dans le récit mais il n'y a plus la même surprise. Après les évènements du premier tome, nous suivons l'enquête sur leur origine et c'est bien compliqué. Il faut lire avec attention et en profiter pour admirer le travail de Jean-Marie MICHAUD, mais ce second tome n'avance pas beaucoup et ne procure pas le même plaisir que le premier.
Cela reste malgré tout un récit original remarquablement illustré. A lire.
madlosa
Le 04/06/2009 à 19:52:57
Le deuxième volume de cette saga confirme l'impression du premier, une grande BD est née. Pas commerciale, pas tape à l'oeil, mais prenante. L'histoire fait appel à notre concentration, elle se "mérite". L'alternance du noir et blanc et de la couleur donne au récit une belle dimension narrative. L'enquête menée par Hartog sert de fil conducteur à une intrigue sinueuse comme une couloeuvre. Au fil des 64 pages, nous plongeons dans un univers complexe aux ramifications à peine entrevues. Ici dans l'intersection 55, tout semble pourtant vouloir se jouer. Une superbe réalisation graphique à lire et relire en prenant son temps !