Le 23/06/2024 à 08:28:22
Voici un ouvrage que j’avais lu en 2012 et que j’ai relu 12 ans après comme pour mesurer le chemin parcouru depuis. Je me rends compte à quel point cette BD documentaire proposé par Philippe Squarzoni était malheureusement précurseur de ce phénomène qu’on appelle le réchauffement climatique et dont les effets sont désormais parfaitement visibles. A l’époque où l’on sentait moins ce phénomène même s’il était déjà assez marquant, je n'avais aucun a priori en commençant cette longue lecture sur les dangers que représente le réchauffement climatique. La démonstration était alarmiste pour conclure comme une évidence que le réchauffement climatique et l'augmentation dramatique de gaz à effet de serre sont directement liés à l'activité humaine. A noter que les arguments de l'auteur s'appuyaient sur des données scientifiques récoltées pour le compte du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Nous étions d'ailleurs noyés de données et d’analyses scientifiques qui pouvaient se contredire. Ce sujet méritait de la réflexion et non une acceptation pure et simple d'un parti pris. L'auteur reconnaît que le mécanisme n'était pas aussi simpliste que cela. En 1940, le taux de CO2 était supérieur à ce qu'il est aujourd'hui. Le GIEC a perdu sa raison en abandonnant sa réserve et a utilisé des méthodes de calcul qui allaient toujours dans son sens. Il faut savoir que 31000 scientifiques parmi lesquelles des prix Nobel ont signé une pétition, la fameuse Oregon Petition, pour indiquer qu'ils étaient sceptiques sur la réalité d'un réchauffement climatique exceptionnel, sur son origine humaine ou encore sur le fait qu'il ait des conséquences négatives. Donald Trump s’était d’ailleurs rattaché à leur avis. Parmi les réactions : « le GIEC fonctionne en circuit clos, il n’écoute pas les autres. Ses membres manquent de largeur de vue. Bref, pour eux, tout cela relève de la plus grave supercherie qui fait honte à la science (« l'arnaque du réchauffement climatique est la fraude pseudo-scientifique la plus grande et la plus réussie jamais vue de toute ma carrière de physicien » déclare Harold Lewis). Maintenant et ceci dit, nous devons tout faire pour lutter contre la pollution d’origine humaine. C'est un fait : l'homme pollue et détruit la nature. Cependant, est-il plus efficace que le soleil en matière de réchauffement ? Voilà également une interrogation légitime. Cet ouvrage a le mérite de nous poser des questions et d'entraîner la réflexion au-delà de toute polémique. L'auteur fait une démonstration plutôt brillante et assez convaincante sur la base de son enquête documentaire. Je reconnais là tout son talent. L'œuvre est en soi très intéressante car il énonce des vérités qui dérangent. C’est un travail journalistique qui est réellement salutaire et qui fait dans le sans concession. Cela se termine de manière assez pessimiste car l’espoir d’inverser le cours des choses est relativement mince au vu de la nature de cette crise et de l’ampleur des changements à accomplir. En effet, cela dépend de grands Etats comme la Russie et la Chine ou encore les Etats-Unis qui devront accomplir de sérieux efforts. C’est tout un changement du fonctionnement de nos sociétés qui est demandé. Pas facile... Reste de savoir comment sera le monde de demain. Faut-il se réjouir du futur ou bien au contraire le craindre ? A vous de vous faire une idée en lisant cette BD.Le 26/06/2018 à 13:28:36
L'éditeur a mis en place une page web très intéressante donnant plein d'infos sur l'auteur, les personnes rencontrées et l'ouvrage lui-même. A l'occasion de la réédition de Saison Brune, je vais vous parler de cet important album traitant du réchauffement climatique et des enjeux politiques qui sont derrière. La relecture de cet album paru il y a déjà six ans nous montre que l'alarmisme de l'auteur et des experts rencontrés pour l'occasion était loin de la réalité lorsque l'on regarde la situation de la planète aujourd'hui... Piqûre de rappel! Philippe Squarzoni n'est pas vraiment un auteur de BD. Il est plutot documentariste-dessinateur et traite de sujets à la fois personnels (il se mets en scène, mais pas à la manière d'un Michael Moore, de façon plus intimiste) et très politiques, globaux, comme cet ouvrage qui est un peu le pendant du film d'Al Gore "une vérité qui dérange", qui avait fait grand bruit à l'époque sur la question du réchauffement climatique. Le format BD documentaire est compliqué en ce qu'il joue sur un fil qui parlera à chacun selon ses sensibilités et ses envies. Je mettrais Squarzoni entre Lepage (pour l'implication intimiste), Joe Sacco (pour la précision documentaire) et Davodeau (pour l'engagement politique). Sur Saison brune il parvient en effet, en prenant le temps, à produite une somme, une enquête méthodique sur la question du réchauffement climatique, qui a l'intelligence de partir du point de vue du naïf... En début d'album l'auteur est en train de terminer son livre précédent (DOL, sur le second mandat Chirac) et s'interroge sur le débat concernant le réchauffement climatique et notamment les rapports alarmistes du GIEC. Il va alors s'informer, se documenter, interroger des experts et apprendre en même temps que le lecteur, lui expliquant avec pédagogie des questions souvent techniques sur le fonctionnement du climat, mais aussi des comportements humains. Par exemple, lorsque Squarzoni explique à sa femme que pour réduire l'impacte de la crise climatique il faudrait revenir au mode de vie d'un indien pauvre... et que personne n'a envie du niveau de vie d'un indien pauvre! Heureusement que le dessin (assez froid mais qui se prête bien à l'analyse) est là pour faciliter la compréhension, avec force illustrations pratiques (et une approche onirique qui me rappelle le travail de Shin'ichi Sakamoto sur Ascension par exemple). Je suis assez attaché au dessin dans la BD et je reconnais que le style hyper réaliste de Squarzoni (qui peut rappeler la technique d'un Christophe Bec par exemple) n'est pas forcément ma tasse de thé. Il permet néanmoins de poser une ambiance documentaire, journalistique, élément qui manque selon moi aux albums de Joe Sacco qui par son style presque cartoon casse un peu cette froideur utile au propos. Techniquement il n'y a rien à reprocher et certaines cases sont vraiment belles, notamment les nombreuses séquences contemplatives de nature. J'ai été assez bluffé par l'impression qui ressort de cet ouvrage. Une enquête qui demande de l'effort au lecteur, de l'implication, et dont on sort avec le sentiment d'avoir eu une démonstration totalement implacable, irréfutable, de la gravité de la situation climatique et de la responsabilité écrasante des dirigeants politiques et économiques. Le climat a déjà basculé et l'inertie du système fait que même si toute activité industrielle s'arrêtait immédiatement il faudrait une longue période pour que le système climatique retrouve son fonctionnement normal. En bref on n'est pas dans la merde... Les rapports du GIEC, critiqués pour leur caractère dramatique, sont ainsi des présentations déjà policées des observations de terrain. La seule faille dans laquelle s’engouffrent les climato-sceptiques est celle, imparable, de la courte période d'analyse. L'attaque est bien pensée puisque par définition, concernant le climat, seules des analyses sur des milliers d'années permettraient de démontrer par A+B la cause humaine du réchauffement. Al Gore avait assumé de forcer le trait en présentant dans son film des courbes à l'échelle géologique justement. Ceux qui voudront se voiler la face trouveront ainsi toujours des arguments techniques pour amoindrir la réalité de la crise. Il n'en demeure pas moins que l'ouvrage de Squarzoni, mais également toutes les autres œuvres ou documents sur le sujet convergent vers une analyse commune. L'homme est en train de creuser sa propre tombe et les éléments de langage politique sur la réversibilité de la chose sont totalement mensongers. Le mouvement est enclenché et ne pourra pas être arrêté. A lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/06/24/saison-bruneLe 14/10/2017 à 21:16:47
Enfin lu le documentaire "fleuve" de Squarzoni, 464 pages dessinées tout en élégance sur le réchauffement climatique. Le bouquin paraît imposant mais se dévore littéralement et même si on apprend pas grand chose (pour peu qu'on soit un minimum instruit et au courant), son mérite est d'apporter de la clarté et une cohérence d'ensemble sur le sujet. Ce qui pouvait semble-t-il manquer malgré les rapports du GIEC qui font de plus en plus consensus. Squarzoni tisse des liens politiques, économiques et sociétaux -un peu comme Demain a pu le faire de manière superficielle- et rajoute une véritable mise en perspective et prise de distance en faisant appel à notre imaginaire et à toute la symbolique déversée par le système capitalistique moderne. Cela permet à Saison Brune de trouver une résonance en chacun d'entre nous, nous individus moyens, archétypes des sociétés occidentales encore très éloignés de l'idée d'une planète qui change. En ça le travail de Squarzoni est vraiment salutaire et son pavé devrait être inscrit comme lecture obligatoire dans les programmes d'enseignement. Qu'on se le dise !BDGest 2014 - Tous droits réservés