Résumé: Poussé par la vengeance suite au meurtre de son frère, le commandant Lewis ordonne l'attaque d'un village Hopi durant une cérémonie traditionnelle. Un an plus tard, Kate, une veuve que la misère a réduite à la prostitution, se voit confier un bébé indien abandonné devant les portes du fort. S'il meure, elle sera pendue. Un soir, une bande d'indiens Hopis vient avec respect rendre hommage à l'enfant...
«
Shit-for-Brains !... Je n’avais pas vu !... C’est une saleté de putain d’Indien! »
Arizona, 1840. Kate, une fermière vivant seule avec sa fille, se voit imposer la garde d’un bébé autochtone. Elle déteste les Amérindiens. Malgré ses mauvais soins, Dead Smile, beau comme un dieu, survit. Il est le fils d’une Hopi ayant accouché de jumeaux de pères différents. L’un est le fruit de l’amour, l’autre celui du viol commis par un militaire lors d’un raid punitif. Le premier est remis à la Caucasienne et le second, vilain avec ses taches de rousseur, reste dans la tribu. Le chef fait le pari que cet échange pourrait poser les bases d’une cohabitation pacifique.
Tout en respectant les canons du genre, Makyo aborde le western sous un angle original. L’histoire est autant celle de la rivalité entre les deux peuples que celle d’une curieuse expérience sociologique.
Le récit s’égare toutefois dans une étrange mystique empreinte de bons sentiments. Il est du reste desservi par des ellipses abruptes qui entravent la fluidité de la narration; les événements tendent à se bousculer et souffrent de ne pas avoir été mis en contexte. Le propos demeurant simple, le lecteur ne s’y perd pas ; il aurait néanmoins aimé mieux comprendre les motivations des protagonistes. Enfin, dans cette saga sur la gémellité, un des deux gamins est, malheureusement, pratiquement absent.
Le dessin d’Eugenio Sicomoro, très réaliste, est à la fois réussi et raté. Les décors se montrent grandioses, le bédéphile a cependant l’impression que les rôles ont été attribués à des acteurs maladroits, incapables de bien incarner les personnages. Le jeu de la paysanne est particulièrement problématique.
Les couleurs de Marco Ferraccioni sont agréables ; l’artiste traduit habilement la lumière crue du désert, mais également la grisaille des jours de pluie et les clairs-obscurs dans les pièces éclairées par une lampe à huile.
Un récit sur une haine et un ressentiment si forts qu’il est impossible d’entendre la souffrance de l’autre.
La preview
Les avis
Erik67
Le 07/08/2025 à 07:46:04
On sait désormais que la conquête de l'Ouest n'est pas vraiment un fait glorieux pour les États-Unis car cela s'est fait au détriment des tributs indiennes qui vivaient en harmonie avec la Nature. Il y avait un respect que l'homme blanc ne connaissait manifestement pas.
En avril 1840, l'armée américaine massacre un village hopi qui est alors en pleine cérémonie rituelle. Des femmes indiennes sont violées par des soldats blancs. 9 mois après, va naître deux jumeaux dont l'un a la peau blanche et l'autre est indien.
De cette dualité entre le bien et le mal, le récit va se construire progressivement. Pour autant, on se rend compte que le mal incarné n'est pas tout à fait rouge. Il est vrai qu'on se penche surtout sur l'un des deux jumeaux dont les actes ne semblent pas dénués de sens.
L'atmosphère de cette BD est assez étrange de par son graphisme assez réaliste plein d'émotions. La colorisation est une pure merveille qui restitue un rendu impeccable surtout dans ce désert parfois aride.
Ce premier tome donne le ton surtout vers la fin. Il pourra plaire aux amateurs de western par son originalité. Reste à découvrir le second volume qui se focalisera sur l'autre jumeaux. On se demandera alors quel est le plus maléfique des deux.