Résumé: Épicerie sociale et solidaire, Le Sac à Malices propose bien plus qu'une aide alimentaire. L'association permet, grâce à un espace de vie sociale, de maintenir le lien entre les gens, d'apprendre à se parler, à cuisiner, à réparer des vélos et bien plus.
Qu'on soit bénévole ou précaire, l'ambiance solidaire et l'écoute, permettent à tous de trouver en soi des possibles et de retrouver la confiance qui peut manquer dans les situations difficiles.
Comme de nombreuses autres initiatives partout en France, l'association basée à Saint-Pierre-Des-Corps et dans laquelle Thibaut Lambert s'est immergé, est indispensable.
Récit drôle, touchant et profondément humain
A
u chômage, Lola a décidé d’occuper ses journées activement. Elle a donc poussé la porte de la Boîte à malices, une épicerie solidaire située à Saint-Pierre-des-Corps. Immédiatement plongée dans le bain, la jeune femme découvre les différentes facettes du quotidien de celles et ceux qui font tourner la boutique. Réception des lots de denrées, étiquetage, accueil des bénéficiaires, mais aussi ateliers divers permettant de maintenir dur lien, l’ouvrage et les rencontres ne manquent pas.
Alors que la paupérisation et la précarité gagnent du terrain, les associations d’aide aux personnes les plus démunies constituent, toujours un peu plus, un secours nécessaire, sinon indispensable. Cette question d’actualité, Thibault Lambert (Le Douanier Rousseau, Si je reviens un jour… Les lettres retrouvées de Louise Pikovsky) l’aborde de front à travers une bande dessinée reportage autour d’un de ses lieux où la solidarité n’est pas un vain mot. Son scénario se nourrit des témoignages et des constats posés par les acteurs de terrain, employés comme bénévoles, et par quelques personnes bénéficiant du dispositif. Avec humour, l’auteur entraine le lecteur à la découverte d’une réalité qui repose beaucoup sur les bonnes volontés, l’engagement à toute épreuve et l’envie d’aider son prochain. Toutefois, les sourires et l’accueil chaleureux n’empêchent ni les contraintes ni les limites de ce système. Par petites touches, le récit souligne également le sentiment insidieux de ne pas en faire suffisamment ou, du côté de Kimberlay, de Samira et des familles aidées, ce mélange de honte, de redevabilité et de fatalisme. Ces personnes précaires sont présentées avec bienveillance et lucidité par rapport à leurs situations respectives. En dépit d’un contexte difficile, du désarroi qui grignote les pensées et de la fatigue d’empathie qui affleure, cet aperçu respire la vie et se veut positif : des mains se tendent de chaque bord de la fracture sociale. Et heureusement. Habilement intégré à la narration, l'historique de Saint-Pierre-des-Corps donne une idée de l'évolution de la commune, de son habitat et de sa population. Enfin, l’album s’achève sur une note festive qui en dit long sur les relations nouées et le besoin de se re-créer en libérant les esprits le temps d’un grand moment de partage où tous s’activent.
Portée par un dessin semi-réaliste allant à l'essentiel, l'immersion proposée dans Le sac à malices se révèle instructive. Un docu-BD pour mieux comprendre le fonctionnement des associations d'aide aux plus défavorisés et casser quelques idées reçues.
Les avis
Erik67
Le 17/04/2024 à 07:20:58
Cette BD nous propose une immersion au cœur d'une épicerie solidaire dans la région Centre Val-de-Loire.
On apprendra qu'il y a beaucoup de pauvreté ainsi que d'immenses tours de logements HLM similaire à certains quartiers de la région parisienne à Saint-Pierre-des-Corps, municipalité communiste de 1920 à 2020.
La ville a financé, en partie, cette épicerie pour proposer des articles agro-alimentaires à des gens qui sont dans la nécessite. Il existe, en effet, une France qui ne dispose pas assez de moyens pour pouvoir vivre décemment malgré les aides de l'Etat.
C'est assez intéressant de voir les différents témoignages, non seulement des bénévoles qui donnent leur temps gratuitement pour faire du social mais également des personnes destinataires de ces aides alimentaires.
Au-delà de cet aspect purement alimentaire, cette association a créé du lien social en organisant des activités ce qui permet de libérer plus facilement la parole. En effet, ce n'est jamais évident d'être un nécessiteux. Il s'agit de retrouver un peu de dignité face à une France qui les jugent sévèrement parce qu'ils ne travaillent pas tous.
Sur le fond, cela explore en restant un peu en surface sans aller jusqu'au bout. Il y a un positivisme et un optimisme à toute épreuve dans une espèce de béatitude que j'ai trouvé vraiment assez naïve. Certes, il faut en retenir tout l'humanisme qui se dégage d'une telle expérience.
On se rend compte que l'Etat se désengage en mettant laissant la place à ce type d'association qui sont plus qu'utile pour faire face aux conséquences de la pauvreté dans un pays riche.
Au moins, on voit une expérience sociale assez concrète qui va au-delà de l'intention afin d'aider les plus démunis.