D
ans un Japon féodal en proie aux guerres seigneuriales, Kinzô, un apothicaire itinérant, assiste impuissant à la résurrection de Shibito Saezuki par son père, à l’aide de deux corps fraîchement tués et selon une méthode enseignée par un mystérieux Hollandais. Mais le jeune samouraï ne reconnaît personne lorsqu’il revient à la vie. Kinzô se retrouve alors chargé de l’accompagner et de le seconder pour aboutir au renouveau de son clan déchu un siècle plus tôt. Séparés lors de la destruction du château des Saezuki, l’apothicaire et son nouveau maître se retrouvent lors d’un affrontement entre villageois et guerriers en déroute dans un village isolé. Shibito massacre tout ceux qui sont sur son passage lorsqu’interviennent un grand samouraï puis les cavaliers du clan Kaguragi. Leur chef, qui s’avère être une femme, parvient à le terrasser et le laisse pour mort. Peu après, alors que Kinzô a été receuilli par une troupe d’anciens samouraïs accompagnés d’enfants, Shibito, revenu à la vie, retrouve peu à peu l’usage de la parole et un semblant d’humanité. Décidé à retrouver la combattante qui lui rappelle un amour de jeunesse, il se dirige vers les terres des Kaguragi, lorsqu’un géant cuirassé émerge d’une mystérieuse caverne.
Il faut bien attendre la fin du troisième tome pour que Le Sabre de Shibito décolle et attire pleinement l’attention du lecteur. Bien que très riche en évènements, le premier volume laisse en effet quelque peu perplexe tant le scénario de Hideyuki Kikuchi paraît confus et déroutant. Les scènes sanglantes s’y succèdent et les explications un peu trop rapides bien qu’elles éclairent sur l’objectif de la résurection du héros. En outre, le mélange d’occultisme, de combats fédoaux et de quête vengeresse passe difficilement et peine à convaincre parce qu’amené de façon malhabile. Les tomes 2 et 3 sont plus faciles à suivre car, sans se déparer de la note fantastique, ils brossent un tableau assez réaliste des troubles de l’époque Sangoku. On y voit les différents seigneurs s’affronter et leurs troupes être en butte à la colère des paysans qui ne supportent plus d’être sans cesse mis à contribution et mal considérés. Et cet aspect du récit se révèle le plus intéressant, du moins jusqu’aux deux chapitres préquels du troisième abum dans lequel on découvre la situation tendue qui existait entre la famille de Shibito et leurs voisins, et comment le sabre du héros a été fabriqué à partir d’une météorite. Pour le reste, la galerie toujours grandissante de protagonistes parvient tout juste à attiser la curiosité, tandis que le rôle comique attribué à Kinzô peine à faire réellement sourire. Quant au dessin de Missile Kakurai, il se distingue par des décors assez fouillés – voire trop – et des proportions corporelles légèrement exagérées, ou disgracieuses au niveau des visages.
Un départ confus et une histoire qui prend difficilement son envol font du Sabre de Shibito une série qu’on réservera aux amateurs de mangas offrant pléthore de combats bien sanguinolants.