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i>S. est un recueil composé des quelques souvenirs que Gipi a de son père, homme extraordinaire à l'en croire. L'auteur raconte des moments, héroïques ou pas, où S. l'a impressionné, que ce soit pendant la Seconde Guerre Mondiale ou après la naissance du narrateur.
Même les gribouillis que Gipi fait au téléphone lorsqu'il s'ennuie doivent être superbes et puissants. Alors que dire d'un album très autobiographique, où il évoque son père et l'admiration qu'il lui voue ? Le profond amour qu'il lui porte transparaît dans toutes les planches, miroirs de la dévotion d'un gamin haut comme trois pommes pour son "papa". Certaines histoires sont bouleversantes, tel le récit du bombardement du village natal de ses parents, où la tension et le sentiment de ne rien pouvoir faire envahissent le lecteur de manière très aiguë. De la même manière, la peur des enfants abandonnés sur une île déserte est palpable, et le soulagement réel au retour des pères "indignes".
Le dessin d'une simplicité remarquable, et pourtant singulièrement percutant, entraîne le lecteur dans un maelström de sentiments divergents qui exacerbent des émotions déjà très fortes. Pas besoin d'attendre la fin de l'envoi pour être touché. Une véritable télépathie se met en place entre l'auteur et son lecteur, permettant à celui-ci de partager pleinement le ressenti de l'enfant Gipi.
Il est difficile de parler des travaux de Gipi sans se parjurer, tant chaque album mérite, indépendamment des autres, la mention de "chef-d'oeuvre". Cependant, S. atteint une intensité que l'on n'avait plus retrouvée depuis Notes pour une histoire de guerre. Et ce n'est pas rien de le dire !
Les avis
chocobogirl
Le 01/03/2008 à 18:18:04
Gipi nous offre ici un bel album autobiographique consacré à son père. Nous sommes entraînés dans un entremêlement de ses propres souvenirs à ceux de son père, souvenirs réels ou enjolivés racontés au fils. Son omniprésence dans la narration ne fait que souligner continuellement son absence et dénonce la douleur de la perte.
Le récit très touchant d’un fils en hommage à son père.
chris24
Le 02/04/2007 à 19:51:38
Voilà mon dernier coup de coeur !
Une BD de Gippi, la première que je lis de cet auteur en fait pour tout vous dire ! Je ne connaissais même pas... Il s'agit de l'album "S", sorte dommage vibrant à son père dont on découvre une partie de sa vie, des tranches, ses habitudes, les choses qui l'ont marqués...
Le récit est entrecoupé de flashback, d'explications (histoire dans l'histoire), depoints de vue différent de la même scène parfois, mais la lecture en reste passionnante et pas pour autant compliquée...
C'est en tout cas une histoire qui prend aux tripes, très sensible et pleine d'émotions... Une histoire dans laquelle la guerre est omniprésente, son horreur, les chocs qu'elle occasionne, les marques indélébiles qu'elle laisse...
Les dessins sont exécutés dans un style graphique très simple, voire brouillon, comme une planche de story board, puis mis en aquarelle... Il s'en dégage pourtant une vraie ambiance et une sorte de poésie...
Le format est original, on est plus près de la taille d'un roman que de celui d'une BD et à mon avis ce n'est pas innoncent... Car son histoire aurait très bien pu faire l'objet d'un récit autobiographique, un livre quoi...
A posséder dans sa collection !
yvantilleuil
Le 02/01/2007 à 17:29:49
Gipi, la grande révélation de 2005 avec "Baci dalla provincia", "Le local", "Extérieur Nuit" et "Notes pour une histoire de guerre", qui rafla le prix du meilleur album à Angoulême en janvier 2006, ainsi que le prix René Gosciny, reviens en force avec ce nouveau roman graphique à caractère autobiographique qui inaugure la nouvelle collection "Moby Duck" de Coconino-Vertige.
Dans ce superbe album consacré à son père, Gipi va essayer de reconstruire le passé de cet homme disparu. Fouillant les méandres de la mémoire il adoptera une structure non-chronologique, pour recoller petit à petit des souvenirs enfouis qui finiront finalement par former un tout cohérent et réfléchi. De façon plutôt saccadée et usant de flash-backs, Gipi va puiser dans la mémoire collective familiale des petits morceaux d’histoires romanisées au fil des années, pour nous livrer un merveilleux puzzle narratif, dont il finira par remettre en cause la véracité.
C’est donc de manière non-linéaire que, pendant 120 pages, Gipi va rendre hommage à son père, passant en revue de manière plutôt aléatoire plusieurs évènements se situant quelque part entre la jeunesse de son père lors de la deuxième guerre mondiale et l’enterrement de ce dernier dans un passé beaucoup plus proche.
C’est usant de son style graphique tout à fait singulier, mélange d’aquarelles et de personnages typiques ‘Gipi’, qu’il enchaîne des souvenirs précis agrémentés à la sauce familiale et des flash-backs plus brumeux, pour nous livrer un nouvel album incontournable.