L
a vie dans les favela de Rio n'est pas si difficile ni aussi dangereuse que les gens le disent. Il suffit de connaître quelques règles simples - le gang a toujours raison, on fait ce que le gang vous demande, on n'a rien vu et rien entendu - et tout se passe très bien. Au pire, si vous voulez rester en vie, vous avez toujours le choix de partir (loin de préférence).
ElDiablo et Julien Loïs refont le coup de la BD rock du début des années quatre-vingts sur un rythme de salsa ! En effet, les histoires de Noticias reprennent toutes les caractéristiques des récits parus jadis dans les pages de Métal Hurlant. Il est difficile de ne pas voir les influences de Ben Radis et Jano tant les ressemblances – sur le fond et la forme - sont criantes. Ni hommage, ni pastiche, Rua Viva! se pose en continuateur de cet esprit narratif fait d'humour délirant et d'exotisme réaliste. Une fois passé outre l'air de déjà-vu, l'album se révèle très bien écrit. Les descriptions des milieux interlopes brésiliens et de sa « faune » sont précises, hilarantes et effrayantes à la fois. ElDiablo est allé sur place pour se documenter, ça se voit.
Graphiquement, la situation est similaire : trait, mise en scène, personnages anthropomorphiques, etc., tout le travail de Julien Loïs semble trouver son origine dans la plume du dessinateur des Closh ou celle du papa de Kebra. Cette absence d'une véritable "patte" tout à fait personnelle n'est pas choquante en soi, tout artiste se base souvent sur des œuvres antérieurs pour forger son style. De plus, le dessinateur possède un bon coup de crayon, espérons qu'il saura encore mieux l'exploiter par la suite. Au final, comme pour les scénarios, le résultat très abouti, y compris la superbe mise en couleurs, aide à faire passer la pilule, mais un peu plus de caractère n'aurait pas été de trop.