L
e pedigree de Fifi von Hirschberg remonte à 1779. Sa maîtresse a pour habitude de le gaver de biscuits de chez Fauchon en écoutant du Wagner. Mais voilà, ladite maîtresse meurt, et c'est un fils tout sauf inconsolable qui hérite du schnitzer. Et qui s'empresse de le rebaptiser Al, pour des raisons que la morale réprouve, celle du chien en tout cas. Car "Al" a des idées bien arrêtées sur ce qui doit ou ne doit pas être, et particulièrement sur les hommes que son nouveau maître reçoit chez lui pour de longues parties de jambes en l'air. Mais le jour où Roy débarque, accompagnant un énième amant, la vie du quadrupède revendicatif change du tout au tout : il a enfin quelqu'un pour l'écouter !
On connait la tendance de König a dépeindre avec un humour féroce les homosexuels. Sans jamais franchir la barrière de la méchanceté ou celle de l'intolérance, il nous fait tour à tour rire et réfléchir sur les aventures de ses personnages gays, folles perdues ou camionneurs. Dans ce nouveau tome, ce sont les chiens qui observent les hommes, et leurs propos à peine plus tolérants que ceux des habitués du bar PMU du coin dépeignent avec brio les clichés qui restent ancrés dans nos sociétés. Propos acides, humour et doutes se taillent la part belle dans les discussions de nos amis canins, délicieusement croqués par la plume trash de König. Son trait, plus typé dessin de presse qu'estampillé Beaux-Arts, est toujours aussi efficace, et les couleurs simples mais surtout pas sobres le servent à merveille.
Même si ce nouvel album n'est pas le meilleur, il a toujours ce style percutant qui fait merveille, et il est suffisemment rare de trouver des BDs traitant sainement de l'homosexualité pour s'offrir sans remord une bonne tranche de rigolade avec Roy et Al