A
u début des années 70, Samuel, huit ans, parcourt la France en compagnie d'une petite troupe de théâtre dirigée par ses parents. Pendant que les autres enfants de son âge vont à l'école, Marthe, une jeune actrice, lui enseigne les bases nécessaires à son éducation. Un jour pourtant, cette préceptrice improvisée quitte la troupe pour rejoindre son futur mari. Samuel vit mal cette séparation et se réfugie auprès de Roudoudou, son inséparable ours en peluche. Plus qu'un compagnon de jeu, il devient un véritable confident très possessif. Ainsi, le nounours voit d'un très mauvais oeil l'arrivée d'Estelle et fait son possible pour la tenir éloignée de son petit protégé.
Le théme de l'ami imaginaire n'est pas rare dans le monde de la bande dessinée. Sous les traits d'un tigre dans Calvin et Hobbes ou d'un ours super-héros dans Herobear and the kid, ces boules de poils accompagnent les bambins dans leur âge tendre, les rassurent, les réconfortent, leur font vivre mille et une aventures. Roudoudou est sensiblement différent. Au lieu d'aider Samuel à s'ouvrir vers le monde extérieur, il s'en accapare, l'empêche de nouer toute relation amicale en usant de pressions psychologiques constantes avec une certaine perversité. Mais surtout, alors que la plupart des peluches reprennent leur place d'objet inanimé au moment de l'adolescence, cet ours très possessif a la ferme intention de s'installer définitivement dans la vie du jeune garçon.
Le début de l'album nous plonge dans le monde de l'enfance et du théâtre. Cette apparente légèreté laisse rapidement place à une ambiance plus lourde, voire carrément glauque à certains moments. Ce ménage à trois (Samuel, Estelle et Roudoudou) plutôt malsain enfonce le lecteur dans une sensation de malaise qui le poursuit tout au long de l'histoire jusqu'à un dénouement des plus tragiques. Le scénariste prend son temps pour développer cette étrange relation mais oublie d'égayer de temps en temps le récit. Le dessin n'est guère plus réjouissant: un trait plutôt agréable mais des personnages complètement figés tels des marionnettes. Les couleurs aux tons sépia donnent un côté vieillot et accentuent encore cette impression de froideur.
Roudoudou blues est un album atypique possédant bon nombre de qualités. Néanmoins, l'ensemble est trop austère pour garantir un profond plaisir de lecture. Il fera rapidement regretter Nicolas, Pimprenelle et le célèbre "Bonne nuit les petits".
A lire également :
La chronique du tome 2 d'Herobear & the kid
La chronique d'Entre deux averses, des mêmes auteurs
Les avis
Erik67
Le 25/11/2020 à 11:15:21
Il est question d'un enfant qui n'arrive pas à se séparer d'un nounours qu'il considère comme son meilleur ami. Pourtant, il évolue dans un milieu assez ouvert puisqu'il s'agit du monde du spectacle. Ses parents sont à la tête d'une troupe théâtrale qui voyage assez souvent de ville en ville. Il arrivera même à se faire une véritable amie qui souhaite aller plus loin dans leur relation. Malheureusement, notre héros va perdre les pédales du cours de sa vie en se remettant à son nounours. On a au final beaucoup de peine pour lui.
C'est un récit dramatique assez intéressant mais qui ne pousse pas aussi loin qu'on le désirait sa thématique principale. Ainsi, il y a beaucoup trop de zone d'ombre. On devine cependant qu'il s'agit de schizophrénie et non d'une créature fantastique qui surgit dans l'ordinaire. Le dessin est tout en tendresse à l'image du nounours. Un titre qui reste à découvrir à l'occasion.
zaaor
Le 28/08/2008 à 13:17:03
Je n'ai pas aimé le propos, j'ai trouvé le tout décousu dans un certain sens et
même si au final, on comprend toute l'emprise de l'ami imaginaire et la vie
solitaire qu'il a fait passé à son ami de chair, je ne comprends pas pourquoi on a
voulu l'illustrer en histoire.
Le théâtre, les personnages que l'on confond car ils se ressemblent tous, le
malheur qui est toujours présent...Les futuropolis m'ont habituée à beaucoup
plus. Désolée mais celui-là, il passe dans le beurre et ne m'interpelle pas.