Résumé: Génie tourmenté et leader du groupe Nirvana, Kurt Cobain est probablement l’une des personnalités musicales les plus influentes de la fin du XXe siècle. Boddah l’a bien connu. C’était son meilleur ami... Du coup de foudre entre Kurt et Courtney Love à leurs pires engueulades ; de la découverte de l’héroïne aux cures de désintox ; des tournées triomphales au célèbre live intimiste de l’émission « MTV unplugged », Boddah a tout vu, tout entendu. Au coeur des amplis et des guitares cassées, il a été le témoin privilégié d’une vie hors du commun et fulgurante faite de musique, de dope et d’amour fou.
Mêlant scènes réelles et imaginaires, conversations authentiques et dialogues inventés, Nicolas Otéro adapte Le roman de Boddah d’Héloïse Guay de Belissen et retrace le parcours hors du commun de Kurt Cobain, chanteur de Nirvana et icône de toute une génération.
U
n ami invisible, c'est celui que l'on s'invente pour se tenir compagnie quand les choses vont mal, qui recueille nos peines, nos colères et non interrogations. Il est toujours à côté de nous, mais personne d'autre le voit. Boddah, c'était le copain de Kurt Cobain : il a tout vu, tout vécu, mais il n'est pas arrivé à le sauver.
Icône malgré lui, Kurt Cobain a laissé une marque indélébile dans le paysage musical mondial. Énième réitération de la rébellion rock, Nirvana a cristallisé par son énergie désespérée tous les doutes et toutes les attentes de la génération X. Le rôle s'est révélé trop grand pour le chanteur. Dépression chronique et divers abus l'ont fait rejoindre prématurément Jim, Janice, Jimmy et quelques autres. Adaptation du livre d'Héloïse Guay de Bellissen, Le roman de Boddah retrace les dernières années de la vie de l'auteur de Smells Like Teen Spirit tel que raconté par Boddah, son interlocuteur secret, celui à qui il a adressé sa lettre d'adieu.
La trajectoire du groupe est bien connue. Né dans la mouvance grunge de Seattle, Nirvana obtient un succès planétaire avec l'album Nevermind. Cobain digère mal ce nouveau rôle de porte étendard de la jeunesse et se noie lui-même, aidé il est vrai par la drogue et une relation houleuse avec Courtney Love, dans son propre moi. La narration faite d'une suite de courts chapitres va à l'essentiel, n'hésite pas à montrer le sordide (les ravages de l'héroïne) et, surtout, la douleur intérieure quasi-permanente dans laquelle l'artiste se débat. Si le ton est franc et direct, il manque néanmoins un peu de fureur à ces planches. En effet, les dessins de Nicolas Otéro peinent à retranscrire pleinement la spirale autodestructrice du héros. S'il illustre bien l'ensemble de l'histoire, le dessinateur ne reste qu'un spectateur, certes attentif, mais un peu éloigné de son sujet. Résultat, l'ouvrage manque par moments de force et d'incarnation.
Sans démériter sur le fond, Le roman de Boddah remplit sa part du contrat, malheureusement sans les cris de rage ni les larsens qui broient les espoirs.