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ola est auteur de bandes dessinées. Enfin, disons qu’il aimerait bien. Mais pour ça, il faudrait qu’un de ses projets soit accepté par les responsables de Chatterbooks, la seule et unique maison d’édition de Chattertown. Et le boss vient justement d’engager un nouveau directeur de collection qui trouve que, bon, c’est pas mal du tout ce que Zola fait, mais si ça pouvait être un peu moins intimiste, ce serait mieux. Tiens, pourquoi ne ferait-il pas des gags ? Voilà quelque chose qui marche du feu de Dieu...
Encore une BD sur la BD ? Encore une dénonciation de l’actuelle dérive du 9e Art, plus empêtré dans les turpitudes du monde économique et de la rentabilité que dans la recherche de nouveaux talents ? Oui, et en même temps, c’est plus que ça. Parce que Le roi des bourdons, ça va beaucoup plus loin et ça embrasse pas mal de sujets importants : sans avoir l’air d’y toucher, David de Thuin pose de bonnes questions. Des relations que peuvent entretenir deux frères aux vues divergentes à la déshumanisation constante de la société, ce sont en effet des aspects fondamentaux de notre vie qui sont passés au crible. L’ensemble est en outre abordé avec une légèreté de bon aloi qui s’autorise une grande simplicité et une bonne dose d’humour, renforcée par des dialogues dépourvus de toute fioriture mais souvent percutants. Dommage, cependant, que le dessin passe au second plan : il est clair, efficace, mais hélas sans grand relief.
Le roi des bourdons est un album qui, finalement, part un peu dans tous les sens. Et s’il n’est peut-être pas totalement abouti, il apporte une fraîcheur bienvenue. A suivre, assurément.