Info édition : Récit intégralement réécrit et redessiné pour cette intégrale en un seul volume.
En fin d'album, cahier graphique (7 pages).
Résumé: La vie, c’est pas comme dans les bandes dessinées
Zola est auteur de BD. Enfin, disons qu’il aimerait bien... Mais les projets qu’il soumet aux toutes puissantes éditions Chatterbooks, unique maison d’édition de Chattertown où il travaille comme manutentionnaire, sont systématiquement refusés. Pour tout dire, ici on est plus enclin à faire prospérer leur poule aux œufs d’or, les aventures d’Hyperclébard le super-héros, qu’à accepter les œuvres intimistes de jeunes auteurs en herbe. Mais un jour, alors qu’il travaille dans le jardin de sa mère, Zola sauve un bourdon de la noyade. Il n’imaginait pas que ce geste anodin allait peut-être changer sa vie à tout jamais. Métamorphosé en super-héros, Zola le « Roi des bourdons » va alors devenir le rival – dans la vraie vie – d'Hyperclébard...
Le Roi des bourdons est autant une aventure loufoque qu'un récit de super-héros décalé et une critique en creux du milieu de l’édition de bande dessinée. De son dessin animalier et son sens du dialogue percutant, l’auteur de La Proie parvient à brosser quantité de sujets fondamentaux avec une légèreté coutumière. Deshumanisation de la société, désillusions professionnelles, acceptation du deuil ou conformisme sociétal sont ainsi passés au crible avec une sensible touche d’humour et une bonne dose de tendresse.
S'il avait d'abord publié Le Roi des bourdons en 6 petits volumes autoédités, David de Thuin a décidé, pour cet ouvrage exceptionnel, de réécrire et redessiner intégralement cette histoire en un seul volume.
À
Chattertown, l’industrie du comics book est dominée par Chatterbooks. Zola Vernor consacre ses nuits à développer des projets de bande-dessinée, en vain. Pour être au plus proche de sa passion, il a accepté un emploi de magasinier dans les entrepôts de cet éditeur qui possède la licence du super-héros du coin, Hyperclébard. À la maison personne ne l’attend, pas de femme, encore moins d’enfant. Juste un frère, hébergé depuis peu et qui verse dans la boisson. Comme si cela ne suffisait pas, leur mère, atteinte d’un Alzheimer avancé, est hospitalisée. Leur père, quant à lui, répond aux abonnés absents. En entretenant la résidence familiale, l’aspirant dessinateur sauve un bourdon de la noyade. La colonie lui offre, en retour, de la gelée royale. Ce nectar confère une force herculéenne et le pouvoir de voler. De quoi remonter la pente ? À voir...
Entre 2005 et 2007, David de Thuin a édité Le roi des Bourdons à compte d’auteur. Six livrets de trente pages, cinq couvertures rouge et une bleue, racontant par l’intermédiaire d’un gaufrier statique, les méandres d’un scribouillard en devenir. Le récit est entré cette année au catalogue Glénat, au sein de la collection 1000 feuilles, là où, précédemment, l’artiste a signé le gargantuesque La proie et le plus ramassé, Le corps à l'ombre. À cette occasion, l’intéressé a redessiné la totalité de l’album. Le format de la présente édition lui a permis de repenser la structure de ses planches, notamment en variant la longueur et la hauteur des strips. Par incidence, l’illustrateur a introduit davantage d’alternance dans ses cadrages, améliorant ainsi sa profondeur de plan. Les personnages anthropomorphiques sont mieux tenus, plus expressifs et le trait, d’un point de vue général, est moins lâche.
Embarqué dans une entreprise « trondheimienne », et limité par la pagination, deux fois inférieure à la première mouture, le scénariste a également revisité son histoire. Il a épuré les séquences, diminué le nombre de dialogues et en a reformulé d’autres. Une subtile recomposition qui n’élude pas les bonnes idées de la publication initiale, à savoir les arcanes du neuvième art, une tranche de vie de pré-parentalité, les addictions et enfin la disparition des êtres chers.
À l’égard des lecteurs d’hier, les deux arcs narratifs se répondent toujours. Le personnage principal connaît des déboires professionnels et intimes, alors que, sous son costume de vigilant, il est imbattable et flamboyant. Néanmoins, la narration a gagné en fluidité et la révélation finale invite à une relecture éclairée.
Petit bémol toutefois, le livre voue son dernier feuillet à un cahier de croquis tout en faisant l’économie de commentaires sur l’autoédition et de référence aux précédents exemplaires. Dommage.
La sélection en compétition officielle du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2020 représente d’ores et déjà une récompense pour David de Thuin qui porte haut la maxime de Nicolas Boileau « Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez » (extrait de L’art poétique, 1674).
La preview
Les avis
Pulp_Sirius
Le 29/09/2022 à 03:12:22
Franchement plutôt bon. C'est agréable à lire, le dessin est beau, l'histoire est originale, les dialogues sont bons, on ne s'ennuie jamais, et la fin nous réserve quelques surprises.
C'est l'histoire d'un auteur de BD qui cherche à se faire publier par une maison d'édition, mais qui deviendra superhéros à ses heures la nuit grâce à des bourdons cachés dans son costume... C'est un mélange assez particulier de tranche de vie et de fantaisie avec une touche d'humour.
Belle découverte -- il manquait peut-être seulement un petit je-ne-sais-quoi pour en faire un véritable incontournable. 3,5/5
Benjie
Le 18/04/2021 à 18:22:38
Ce n’est pas du Lewis Trondheim mais ça y ressemble furieusement ! Et c’est du très bon. A travers une clique de personnages en apparence loufoques, David de Thuin nous plonge dans le quotidien de deux maisons d’édition et propose une critique plutôt acerbe de leur fonctionnement. On y perçoit une réalité que l’on imagine mais qu’on n’a pas forcément envie de découvrir : la rentabilité des titres, la concurrence acharnée, les coups bas... Loin de la magie de l’éditeur découvrant des manuscrits et révélant des auteurs, le personnage principal, un auteur de BD nommé Zola, va se confronter à l’indifférence, au mépris et aux paroles blessantes. Cette histoire de super héros qui n’en n’est pas une est une pépite aux trouvailles scénaristiques excellentes, aux rebondissements incessants et aux dialogues croustillants. Jusqu’à la dernière page, on est tenus en haleine, prêts à de nouvelles révélations sur le roi de Bourdons. Par pleins de petits détails, de postures, de rapports entre les personnages : ça sent le vécu !!! Le dessin n’est pas en reste et cette clique de personnages zoomorphiques dont on apprend aussi les histoires personnelles sont autant de clins d’œil à des typologies d’acteurs du milieu du 9e art. Une excellente surprise ! Un vrai coup de cœur !
docteur fil
Le 16/09/2019 à 09:33:07
Sous des aspects graphiques de BD pour enfants, cette histoire est beaucoup plus mature qu'attendu.
Quant à la fin, elle est sublime.
Un album à ne pas manquer.