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ix ans plus tôt, Rohan Kishibe, alors mangaka en herbe, a rencontré Nanasé, une jeune femme qui lui a parlé d’un tableau des plus singuliers. La toile aurait été peinte par Nizaémon Yamamura avec le noir le plus pur et le plus sombre, extrait d’un arbre millénaire. Elle aurait également coûté la vie à son auteur et se trouverait au musée du Louvre. À l'époque, le jeune homme avait été intrigué bien que sceptique, puis avait oublié cette histoire. Devenu connu, l’œuvre se rappelle à son souvenir et, profitant d’un séjour à Paris, Rohan se rend au Louvre en quête de cette peinture. Mais, bien que répertoriée dans le système informatique, celle-ci n’est nullement exposée et se trouverait dans une réserve désaffectée. Nullement découragé, le dessinateur, accompagné d’un conservateur et de gardiens, se rend dans les caves pour une expédition qui tourne bientôt au cauchemar.
Les plus mordus connaissent Hirohiko Araki pour sa fameuse série Jojo’s bizarre adventure, aussi se réjouiront-ils sans doute de découvrir le one-shot publié par Futuropolis, en partenariat avec le Musée du Louvre. Sans surprise, le connaisseur y retrouve ce qui a fait le succès du mangaka, à savoir un graphisme unique et une intrigue mélangeant enquête et éléments surréalistes, mi-fantastiques, mi-horrifiques. Bien articulé, le récit commence lentement par une rencontre dont le lecteur soupçonne vite qu’elle ne peut qu’être singulière, tant le personnage de Nanasé recèle de mystères, avant de s’accélérer progressivement lors de la visite au Louvre. Il culmine avec la descente dans les sous-sols abandonnés du musée et se charge d’une atmosphère inquiétante, voire glauque, quand le tableau apparaît enfin. Le suspens arrivé à son paroxysme, la narration bascule ensuite dans l’horreur et le surnaturel, pour s’achever sur une note aussi éclatante qu’elle laisse sur le public sur sa faim. Car la révélation du pouvoir de Rohan, mise en place dès le début, annonce un cercle sans fin, tout en demeurant inexpliquée quant à son origine. Ces aspects positifs, ainsi que le dessin au trait délié, dynamique, et très stylé – assez rock -, suffisent à faire oublier les dialogues plutôt simplistes, le rendu des émotions parfois un brin trop exagéré et artificiel, de même que l’air de déjà vu : Rohan ressemblant tout de même beaucoup aux autres héros de l’auteur.
Lecture divertissante, Rohan au Louvre ne saurait se prétendre inoubliable et, à moins d’être un inconditionnel du travail d’Hirohiko Araki, on ne s’y penchera que par curiosité.
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Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 19:23:51
Ce Rohan a vraiment une tête à claques : je lui décerne le grand prix. Il ne se prend pas pour n'importe qui avec un air arrogant et si sûr de lui. Le moment le plus hilarant est quand il est interpellé par de jeunes Japonais devant le Louvre qui lui demandent une dédicace et qu'il répond que ces derniers manquent de respect en se sapant comme des skateboarders. Le mec, il ne s'est pas jugé lui-même avec ses pantalons laissant dépasser le caleçon et son bandanas rose-flashy !
Pour le reste, il s'agit d'un tableau maléfique caché dans les caves du célèbre musée et qui exerce un pouvoir morbide. Le récit est assez prenant et on va jusqu'au bout. Cela introduit une touche de mystère à ce célèbre musée qui n'aurait pas besoin de publicité. J'ai bien aimé pour une fois lire un manga très coloré. Cela change de l'éternel noir et blanc. Le dessin est de qualité tout comme l'édition d'ailleurs, je le reconnais volontiers.