Résumé: S’isoler plusieurs mois sur l’île aux Nattes, un îlot proche de Madagascar, en profiter pour évaluer son niveau de résistance à l’absence de confort moderne, se confronter à un nouveau quotidien et le faire avec son ado de 13 ans pour goûter encore un peu à la joie d’être père, voilà une opportunité que Tronchet n’était pas prêt à laisser passer. Mais il ne s’attendait pas vraiment à ça…
D
idier (le narrateur et auteur), accompagné de son fils Antoine, treize ans, débarque sur l’Île aux nattes, un atoll de l’océan Indien niché à quelques encablures de Madagascar. Un parfait petit coin de paradis (en dehors de la saison des cyclones et en se méfiant des moustiques) pour faire le point sur son existence et tâcher d’enseigner le monde à un ado en devenir. Pour l’instant, l’eau est à trente degrés et la bière fraîche, il faut bien commencer quelque part.
Après l’Équateur (cf. Vertiges de Quito ), Tronchet reste sous les tropiques, mais change de continent. Avec une volonté de laisser le monde moderne et son agressive connectivé derrière lui, il espère retirer sagesse et enseignements de cette immersion dans une vie simple et, surtout, plus posée. Pour le gamin, ça sera également une belle expérience. Une fois passé le traditionnel choc culturel et la découverte des particularités du lieu (paysage, personnages originaux, sanitaires), il arrive très rapidement à pas grand-chose ; ce qui ne l’empêche pas de partager ses réflexions philosophico-sociologique avec le lecteur. Entre rousseauisme prudent (mieux vaut être en bonne santé et avoir du pouvoir d’achat dans ce pays très pauvre) et réel plaisir de se retrouver face à lui-même, ses conclusions ne s’avèrent guère nouvelles ou originales.
Et le fiston dans tout ça ? Acclimaté en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il est le grand gagnant du voyage. Il participe même à l’ouvrage avec quelques pages décrivant ses loisirs et ses rencontres. Que les parents anxieux soient rassurés, leurs progénitures trouveront toujours les moyens de se faire des copains et passer de bons moments. Ils ont la vie devant eux, les questionnements existentiels peuvent bien attendre.
Pour le reste, le découpage et la mise en scène sans grand intérêt sont contrebalancés par des couleurs éclatantes. Le dessinateur assure le minimum et peine malheureusement à retranscrire toute la richesse de l’ambiance de cette bande de terre échouée devant l’océan. À noter que Robinson père et fils a été en partie pré-publié dans la revue XXI et sous forme romancée aux éditions Elytis.
Les avis
Erik67
Le 18/05/2021 à 07:58:29
Voici un auteur que j'aimais timidement au début de sa carrière mais que j'ai fini par apprécié de plus en plus car il s'est véritablement bonifié avec le temps. Bref, c'est comme un bon vin que l'on déguste quand il a pris un peu d'âge.
Pour autant, il croit être un has-been notamment dans sa relation avec son fils Antoine qu'il emmène en vacances sur une île au large de Madagascar pour y vivre une curieuse expérience de rapprochement avec la nature. En effet, il s'agit de s'isoler de la technologie et vivre l'aventure d'un naufragé volontaire sur une petite île au bout du monde.
J'ai aimé les anecdotes et certaines réflexions personnelles également qui me rapproche avec ce père de famille vieillissant. C'est le genre d'autobiographie que j'aime bien lire car c'est loin d'être ennuyeux, bien au contraire ! Il a un regard acéré qui me parle parfois.
Pour la petite histoire, c'est la seconde fois en moins d'une semaine que j’entends parler du chanteur perdu à savoir Jean-Claude Rémy qui s'est exilé sur une île après avoir connu un succès d'estime au niveau de la chanson dans les années 70. Voir ma précédente critique « Sur la vie de ma mère ». Il faut dire que l'auteur Tronchet a réitéré par rapport à une nouvelle BD qui lui est entièrement consacrée et que je n'ai pas encore lu.
Le thème principal se situe dans l'inquiétude paternel par rapport à un adolescent de 13 ans qui a bien grandi et qui s'émancipe petit à petit pour vivre pleinement. Le fils qui était un enfant va devenir un homme. C'est parfois touchant par moment.
Pour le reste, Robinson et fils est un beau travail réalisé dans le style des carnets de voyage que j'aime bien entre humour et dérision mais sur un fond humain non négligeable. Du même auteur, il y a eu « Vertiges de Quito » qui vaut aussi une bonne lecture. Humour et exotisme seront au rendez-vous !