Résumé: 1968, la République de Maurice accède à l'indépendance après 158 ans de domination britannique. Les insulaires des Chagos sont réunis sur la plage : ils ont une heure pour quitter leur île.Marie-Pierre Ladouceur se retrouve exilée dans un bidonville sordide, sans espoir de retour...Après le déchirement vient la colère et, avec elle, la révolte.Septembre 2018. Pour Joséphin, l'heure de la justice a sonné. Dans ses yeux, le visage de sa mère...En mars 1967, Marie-Pierre Ladouceur vit à Diego Garcia, aux Chagos, un archipel rattaché à l'île Maurice. Elle y fait la connaissance de Gabriel, un Mauricien venu seconder l'administrateur colonial. Un homme de la ville. Une élégance folle.Quelques mois plus tard, Maurice accède à l'indépendance après 158 ans de domination britannique. Mais les soldats convoquent les Chagossiens sur la plage : ils ont une heure pour quitter leur île, abandonner leurs bêtes, leurs maisons, leurs attaches. Et pour quelle raison ? Pour aller où ?Après le déchirement vient la colère et, avec elle, la révolte.Une histoire d'amour impossible qui nous plonge dans le drame historique des Chagossiens -; vendus aux Anglais par le gouvernement mauricien ; une population de 2000 habitants devenus parias et écrasés par l'Histoire, qui peu à peu vont retrouver leur dignité dans le combat.
U
ne tête d'épingle sur une carte, au cœur de l'Océan Indien.
Voici l'île de Diego Garcia, petit paradis pour ses habitants. Elle fut sous domination française, puis anglaise, au gré de traités signés à des milliers de kilomètres de ses plages, sans que cela n'affecte profondément la vie sur place. Brusquement, tout fut boulversé. Lorsque l'Île Maurice obtient son indépendance, ce petit coin de terre fait les frais d'enjeux qui la dépassent. Elle appartient à l'archipel des Chagos, rattaché à la jeune république et se situe également à un carrefour stratégique pour contrôler d'importantes voies maritimes. Le gouvernement britannique négocia secrètement (et illégalement) son rachat au gouvernement mauricien pour constituer le "Territoire Britannique de l'Océan Indien" et la mettre à disposition, contre rétribution sonnate et trébuchante, à l'armée américaine afin d'y installer une base navale.
Pour les Chagossien qui vivaient de l'exploitation des cocoteraies, cette transaction marqua le début de l'enfer. Considérés comme indésirables, ils furent progressivement chassés, jusqu'à ce que les derniers récalcitrants ne soient déportés violemment, en quelques heures, sous la menace des soldats armés. Débarqués à Port-Louis, ils se retrouvèrent démunis de tout, parqués dans des bidonvilles et considérés comme des parasites. Depuis, ils se battent pour obtenir justice, mais que peuvent-ils face au cynisme des états encore imprégnés de leur mentalité coloniale ?
Cet épisode méconnu et peu glorieux a inspiré à Caroline Laurent un roman, Rivage de la colère, qui raconte ce combat, désormais adapté en bande dessinée par Laurent Galandon et Rachid N'Haoua. Le scénario s'attache à Marie-Pierre Ladouceur, jeune femme qui incarne la lutte de son peuple contre l'injustice. Assez classique dans son approche, le récit traduit efficacement les différentes étapes de cette lente marche vers la justice, dénonçant l'hypocrisie et la violence étatique. Si le dessin souffre parfois de certaines approximations, l'ensemble reste plaisant et instructif, articulant le récit autour de la décision rendue par Cour Internationale de Justice de La Haye en 2019. Avec subtilité, le scénariste expose les enjeux et les conséquences de cette affaire, et, ironiquement, livre la conclusion dans une note en bas de page, comme pour insister que les hommes et les femmes de Chagos ont été exclus de leur propre histoire.
Les avis
mediatheque_lannion
Le 18/11/2022 à 12:14:39
Les joies de la (dé)colonisation, ou comment des populations entières sont abandonnées aux intérêts des plus forts....